Au Ghana, Leti Arts se veut la première brique d’une filière africaine du jeu vidéo

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Eyram Tawia, fondateur de la société Leti Arts, à Accra en février 2020.
Eyram Tawia, fondateur de la société Leti Arts, à Accra en février 2020. DYLAN GAMBA

L’accès se fait par une venelle quelconque le long de la Boundary Road, une route très fréquentée du nord d’Accra, la capitale du Ghana. Là, dans des locaux sans âme, partagés par plusieurs entreprises, Leti Arts entend se faire un nom sur un marché où les firmes africaines sont quasi absentes : le jeu vidéo. « Le nom de la société n’a pas été choisi au hasard car Leti signifie étoile en éwé [la langue la plus parlée dans l’est du pays], et nous voulons jouer un rôle de guide pour cette industrie sur le continent », avance Eyram Tawia, son fondateur.

Celui qui a suivi des études d’informatique à Kumasi a toujours été fasciné par les bandes dessinées américaines et les jeux vidéo et joue depuis tout petit. Que ce soit sur Mario, Sonic ou Street Fighter. D’ailleurs, comme le trentenaire a toujours été du genre pressé, il a commencé à confectionner ses premières animations en 3D à peine ses treize bougies soufflées.

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En 2009, il saute le pas et crée son entreprise Leti Arts avec Wesley Kirinyatwo, un Kényan, lui aussi producteur indépendant de jeux vidéo en 3D. Grâce aux 100 000 dollars (quelque 90 000 euros) de la fondation norvégienne Meltwater, il commence la production de son premier jeu sur téléphone : IWarrior. « Nous voulions ancrer l’histoire dans celle de notre continent », rappelle le créateur, qui a opté pour un héros, berger masai, qui doit protéger ses animaux des bêtes sauvages.

« Téléchargé plus de 80 000 fois »

Ce coup d’essai est un échec commercial. Le jeu, disponible sur plusieurs plates-formes de téléchargement au prix de 3 dollars (2,70 euros), n’est téléchargé que 8 000 fois. Mais pour Eyram Tawia, l’essentiel est ailleurs. « De nombreux articles ont été écrits sur notre entreprise et cela a permis de nous faire de la publicité », confie le chef d’entreprise, en fin stratège, conscient de l’attente qui existe d’un développement africain de ce secteur.

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En 2010, l’entreprise sort Street Soccer et, à partir de 2013, avec Africa’s Legends, Leti Arts commence vraiment à se positionner avec un produit « téléchargé plus de 80 000 fois, principalement en Egypte, au Nigeria et au Ghana », s’enorgueillit Eyram Tawia. Les fonctionnalités d’Africa’s Legends restent pourtant basiques. Le système de combat repose sur des minijeux, comme des questions de culture générale, mais « nous mettons en avant des héros et super-héros africains, des personnes qui nous ressemblent ».

Le concepteur estime d’ailleurs être particulièrement téléchargé en Egypte, car l’un des personnages est un pharaon. Un premier pas dans son ambition qui n’est pas seulement de « créer une entreprise, mais toute une industrie » qui permettrait de regarder l’Afrique autrement.

« Le problème reste la formation »

D’ailleurs, pour Abena Addai, responsable de la communication au sein de Leti Arts, ces produits vidéo veulent attirer l’attention sur les problèmes du continent. « La corruption, les problèmes de santé ou bien encore Boko Haram font partie intégrante de nos jeux », avance-t-elle. En fait, cette industrie s’inscrit dans le monde plus large du divertissement, qui se développe lui aussi rapidement. Selon Eyram Tawia, le récent succès du film Black Panther, qui met en avant des super-héros africains, « a permis une prise de conscience de l’importance des héros du continent ».

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Pour l’heure, Leti Arts reste fragile et ne gagne pas encore d’argent. L’entreprise réalise bien des commandes pour des opérateurs téléphoniques, comme avec MTN, pour la confection de petits jeux, mais « l’intégralité de cet argent est réinvestie dans la production de jeux vidéo maison », poursuit l’entrepreneur. D’ailleurs, illustrateur depuis 2016, Kwadwo Frimpong-Amaning s’affaire lors de notre visite sur la production de Hot Seat, un jeu sur téléphone sur le modèle de Qui veut gagner des millions ? pour MTN.

« Il y a beaucoup de potentiels sur le continent, mais le problème reste la formation », estime le jeune designer derrière ses trois écrans d’ordinateur. Lui a eu la chance d’étudier les arts digitaux à l’université, mais il estime que, faute de matériel, il a dû se former aussi en autodidacte sur YouTube. Dans l’entreprise, tous pensent que d’autres feront comme lui et que, malgré les carences dans la formation, « une véritable industrie du jeu vidéo verra le jour sur le continent », estime Eyram Tawia. Le chef d’entreprise espère évidemment en être et pouvoir sortir dans les prochaines années un jeu sur Xbox.

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