Au Ghana, le cinéma d’animation fait un « cartoon »

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En 2019, un court-métrage ghanéen a été sélectionné au festival d’Annecy, une première pour un pays d’Afrique de l’Ouest. Et à Accra, des petits studios émergent.

Par Dylan Gamba Publié aujourd’hui à 19h00

Temps de Lecture 3 min.

Dans les locaux du studio Animax FYB, à Accra, en septembre 2019.
Dans les locaux du studio Animax FYB, à Accra, en septembre 2019. DYLAN GAMBA

« Nous voulons faire du cinéma d’animation qui raconte des histoires africaines et qui diffuse notre culture. » Sarpei Kwadei, jeune producteur de films d’animation, a cofondé en 2015 le studio Indigene Bros. Les modestes locaux de l’entreprise se trouvent à quelques centaines de mètres de Circle, une immense gare routière située au cœur de la capitale ghanéenne Accra. « Nous avons commencé par produire, au moment de la présidentielle de 2016, des spots animés diffusés à la télévision qui appelaient la population à se rendre aux urnes », poursuit Sarpei Kwadei.

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Après ce coup d’essai, le studio, qui compte sept salariés, se lance dans la réalisation d’un court-métrage. Son thème : le match de boxe ayant opposé en 1982 le champion du monde en titre mexicain des poids plumes Salvador Sanchez au Ghanéen Azumah Nelson. Le film de treize minutes, intitulé Azumah : the Ghanaian Hero, se focalise sur ce combat mythique conclu après quinze rounds qui s’est tenu au Madison Square Garden de New York. « Nous avons fait un film patriotique qui souligne la bravoure d’Azumah durant ce duel », poursuit Sarpei Kwadei.

Le court-métrage retrace également la jeunesse du boxeur ghanéen à Jamestown, un quartier pauvre d’Accra. « Je n’étais pas né au moment de ce combat, mais mes parents m’en ont beaucoup parlé, se remémore Sarpei Kwadei. Dans les années 1990, lorsqu’il y avait un combat du Professeur [le surnom d’Azumah Nelson], les rues étaient désertes et tout le monde était devant la télévision. »

Une fierté pour l’équipe

Le film, sorti en 2019, est sélectionné au Festival international du film d’animation d’Annecy. « C’était une première pour un film d’Afrique de l’Ouest », s’enorgueillit le producteur. Le court-métrage, qui a nécessité six mois de travail, est produit en ga, la langue la plus courante à Accra. Une volonté affichée de l’équipe et du réalisateur. « Nous ne voulions pas le faire en anglais et cela est une manière de défendre notre culture », explique Nii Ofei-Kyei Dodoo. Le film a également été récompensé au Black Star International Film Festival. Une fierté pour l’équipe, malgré les nombreuses difficultés. « Nous ne sommes pas soutenus par les autorités qui ne comprennent pas du tout l’importance du soft power, estime Sarpei Kwadei. C’est l’ambassade de France au Ghana qui a financé notre séjour à Annecy. »

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« La formation n’est pas suffisante dans le pays et seuls cinq ou six animateurs sont diplômés chaque année », analyse de son côté Francis Y. Brown. Le trentenaire a fondé en décembre 2014 le studio Animax FYB. Les locaux sont situés dans une maison de plain-pied à East Legon, un quartier couru d’Accra. Entre 2010 et 2014, Francis Y. Brown est étudiant au National Film and Television Institute (Nafti). A la fin de son cursus, il doit réaliser un film. « Ce travail m’a pris deux ans de recherche, notamment dans la région de la Volta, du Nigeria et du Bénin », confie-t-il.

En 2014, il sort Agorkoli, un court-métrage d’animation de onze minutes qui retrace l’histoire vraie d’un roi tyrannique qui a sévi à l’est du Ghana dans la période précédant la traite négrière. « J’ai tout réalisé moi-même, depuis le script, le storyboard ou bien encore la réalisation, précise Francis Y. Brown. Parfois, je travaillais 48 heures d’affilée. » Le court-métrage, multirécompensé, obtient notamment une distinction en 2015 au festival international du film africain.

« Les talents sont là »

Lorsqu’on lui demande quelles sont ses références en matière d’animation, Francis Y. Brown répond : « J’aime beaucoup ce que font Disney, Ghibli ou Pixar. Mais je ne veux pas être considéré comme le Disney ghanéen. Je veux garder ma propre identité, ghanéenne et africaine. » Cinq ans après la création de son studio, Francis Y. Brow est épaulé par sept animateurs. « Nous sommes actuellement sur un projet de série en trois saisons avec 13 épisodes d’environ 22 minutes », avance-t-il, précisant être en discussion avec des plates-formes de streaming comme Hulu, Netflix et Amazon.

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« C’est un projet qui me tient vraiment à cœur de pouvoir raconter l’histoire d’un royaume africain oublié », poursuit-il. Mais le projet est pour l’instant bloqué, faute de financement. « Les talents sont là, avec de nombreux studios qui émergent depuis cinq ans. Mais nous sommes sans cesse en train de chercher de l’argent pour produire de nouveaux films », affirme de son côté Sarpei Kwadei.

Malgré les difficultés, Francis Y. Brown reste optimiste pour l’avenir. Le jeune animateur a récemment investi dans une salle insonorisée entièrement tapissée de vert pour pouvoir s’adonner aux effets spéciaux. Et rêve un jour de pouvoir produire un long-métrage. « Après tout, les plus grands studios d’animation ont commencé un jour petit comme nous », sourit-il.

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