Au Danemark, les mariés gays de l’An 1989

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Anne Vibeke (white shirt) and Elisabeth (purple shirt) lives together in their shared apartment in Ordrup close to Copenhagen. Story for Le Monde on the 1989 recognition by the Danish government of same sex couple. 

Photographs by: Charlotte de la Fuente

Charlotte de la Fuente pour M Le magazine du Monde

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Publié aujourd’hui à 13h32

De ce jour-là, ils se souviennent d’abord de la marée humaine sur Radhuspladsen. Des centaines d’anonymes se sont donné rendez-vous sur la place de la mairie, en plein centre de Copenhague. Certains agitent le Dannebrog, le drapeau danois rouge barré d’une croix blanche.

La foule est si dense que Karl Peder Pederson et Ib Krog Larsen doivent jouer des coudes pour atteindre les escaliers du long bâtiment de brique pourpre. Ils reconnaissent quelques visages : ceux d’amis et de proches des dix autres couples qui, avec eux, ce 1er octobre 1989, s’apprêtent à écrire l’Histoire, sous l’œil des caméras du monde entier.

« Rien d’une fête romantique »

Derrière les grandes portes de bois sombre de la mairie, les micros se tendent, les flashs crépitent. L’ambiance est festive. L’adjoint au maire Tom Ahlberg fait venir les couples un par un. Ib Krog et Karl Peder sont les septièmes à passer. Ils n’ont invité personne. « Pour nous, c’était une manifestation politique, pas une fête romantique », explique, trente ans plus tard, Karl Peder, 67 ans, assis dans l’élégant salon de leur grande maison en pierre, à Copenhague.

D’une épaisse pochette en carton où il conserve des coupures de presse de l’époque, Ib Krog, 66 ans, sort une photo. Jeans et veste marron pour Karl Peder, chino et gilet de costume pour lui. Le couple se tient debout, dans la salle des mariages, les mains derrière le dos, le visage empreint de solennité. En face, en robe noire, Tom Ahlberg leur fait la lecture d’un document officiel « assez ennuyeux », se souvient Ib. « C’était délibéré », assure l’ancien adjoint, désormais éditeur à Copenhague. Au Danemark, on ne se marie pas le dimanche.

Karl Peder Pedersen et Ib Krog Larsen (ici, chez eux, à Copenhague, en septembre) se sont unis le 1er octobre 1989, jour de l’entrée en vigueur de la loi.
Karl Peder Pedersen et Ib Krog Larsen (ici, chez eux, à Copenhague, en septembre) se sont unis le 1er octobre 1989, jour de l’entrée en vigueur de la loi. Charlotte de la Fuente

Mais, ce 1er octobre 1989, la mairie de Copenhague a décidé de faire une exception : c’est ce jour-là qu’entre en vigueur la loi légalisant l’union civile des couples homosexuels. Une première mondiale. Malgré la pression croissante des mouvements LGBT, aucun autre pays n’a encore osé sauter le pas. Et il faudra attendre 1993 pour que la Norvège imite le Danemark, suivie en 1995 par la Suède. Le pacs ne sera adopté qu’en 1999 en France.

Que les trois pays scandinaves, pionniers dans la reconnaissance des droits des homosexuels, aient été les premiers à légiférer ne surprend pas aujourd’hui. Aux yeux des militants danois, pourtant, l’attente a été longue : dès 1973, ils avaient réclamé la reconnaissance d’un « partenariat » homosexuel. Au fil des ans, l’opposition s’est étiolée et les rangs des détracteurs se sont clairsemés. Lorsque la loi est adoptée, le 26 mai 1989, ils ne sont plus qu’une petite minorité à se faire entendre, ne bénéficiant ni du soutien de la rue ni de celui de l’opinion publique.

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