Au coeur de Bagdad, les manifestants engagés dans la bataille des ponts

0
106

[ad_1]

Baghdad, Irak, le 7/11/2019 

Les manifestants occupent à présent un troisième pont, al-Ahrar (

Laurent Van der Stockt pour Le Monde

Par

Publié aujourd’hui à 10h59

Sirènes hurlantes, des tuk-tuks et des ambulances remontent l’avenue Al-Rachid, chargés de blessés, en direction de la place Tahrir. Au milieu de l’ancienne artère commerçante de Bagdad, bordée d’immeubles au charme décrépi, des dizaines de jeunes hommes sont massés autour d’un mur de blocs de béton qui interdit l’accès vers le pont des Martyrs (Al-Shuhada). Dans la foule d’Irakiens en survêtement et jean-baskets, le visage masqué d’un foulard pour se protéger des gaz lacrymogènes, certains ont un bras ou une jambe bandée, stigmates des échauffourées des jours précédents. Les esprits s’échauffent. Depuis les abords du pont, à une centaine de mètres de là, les tirs claquent. Les forces anti-émeutes ripostent face à des manifestants venus les harceler, au mieux armés de billes et de frondes.

Un groupe d’hommes amène en courant un jeune ensanglanté, blessé à la jambe, et le charge dans un tuk-tuk. « Ils nous tirent dessus à balles réelles, avec des Kalachnikovs et des BKC [mitrailleuses russes]. Regardez, c’est le sang des martyrs ! », crie l’un d’eux, montrant ses mains tachées de rouge. Un jeune homme se met à pleurer. Certains sortent de leurs poches des douilles qu’ils ont ramassées. D’autres montrent les vidéos des heurts et des martyrs. « Nous sommes des civils pacifiques. On n’a pas d’armes, juste des drapeaux irakiens mais ils nous tirent dessus ! Chaque jour, il y a des morts et des blessés. Ils ont même tué des médecins. Ils les ciblent délibérément pour empêcher de délivrer les premiers soins », crie Yasser. « Le gouvernement dit qu’on veut piller les banques mais ce n’est pas vrai : on veut seulement bloquer le pont pour empêcher la circulation », poursuit-il. A ses côtés, Essam, un commerçant du quartier, acquiesce : « C’est notre magasin là, et rien n’a été volé. »

« L’objectif est de couper les ponts pour bloquer la circulation, empêcher les fonctionnaires d’aller travailler et paralyser la ville »

Le mur de béton érigé près du pont des Martyrs est la nouvelle ligne de front entre les manifestants et les forces de sécurité. A la reprise de la contestation contre le gouvernement irakien, le 24 octobre, les manifestants s’étaient tous massés sur le pont de la République (Al-Joumhouria), qui relie la place Tahrir à la zone verte, le quartier ultrasécurisé de la capitale qui regroupe les institutions du pays. Depuis début novembre, ils se sont lancés à la conquête de nouveaux ponts qui enjambent le Tigre. D’abord le pont Al-Sinak face à l’ambassade iranienne, puis celui des Hommes-Libres (Al-Ahrar) avant de s’emparer brièvement du pont des Martyrs. Des blocs de béton ont été disposés à la hâte pour leur barrer l’accès à la zone verte et les tirs à balles réelles ont repris, en plus des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Le bilan des victimes a grimpé en flèche : au moins 300 personnes ont été tuées depuis le 1er octobre.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: