Au Brésil, les employées domestiques, en première ligne face au coronavirus

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Une employée domestique au travail dans le quartier Barra da Tijuca à Rio de Janeiro, en octobre 2018.
Une employée domestique au travail dans le quartier Barra da Tijuca à Rio de Janeiro, en octobre 2018. SERGIO MORAES / REUTERS

LETTRE DE RIO

Ce lundi 6 avril, Karliene Menezes ouvre la porte de son frigo, désespérée. « Il n’y avait plus rien à manger, mis à part quelques saucisses surgelées, et un paquet de riz déjà entamé dans le placard », se souvient cette femme de 21 ans, habitante de la favela de Paraisopolis, l’une des plus grande de Sao Paulo. Mère célibataire, elle doit pourtant nourrir ses deux enfants de 5 et 4 ans, entièrement à sa charge. « A cet âge, ils veulent manger tout le temps, il leur faut trois repas par jour. Sans compter le goûter… »

Dépendante des aides sociales, tel le programme « Bolsa Familia », la jeune femme a brutalement perdu à la mi-mars son travail d’employée domestique, rémunéré autour de 500 reais par mois (86 euros) : une misère, qui lui permettait à peine de payer son loyer. « La dame chez qui je faisais le ménage a plus de 70 ans et sa famille a peur qu’elle soit contaminée par le virus. Son fils m’a appelé : il m’a donné 120 reais [20 euros] pour m’aider et m’a dit de revenir après la fin de la crise. Depuis, je n’ai plus été payée », raconte-t-elle.

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Dès la première semaine d’avril, Karliene se retrouve donc dans le rouge, sans un sou en poche, et commence à faire des dettes. Quand soudain, en pleine semaine sainte, un miracle arrive à point nommé : contactée par une militante de la favela, la jeune femme est inscrite au programme d’aide d’urgence « Adote uma diarista » (« adopte une travailleuse journalière »), lancé par une ONG locale. Elle reçoit immédiatement 300 reais, de la nourriture et un kit d’hygiène contre le virus. « C’était un soulagement énorme, cette aide m’a sauvée », explique-t-elle, émue.

Toutes n’ont pas eu cette chance. Au Brésil, qui compte le plus grand nombre de travailleurs domestiques au monde, les 6,3 millions d’empregadas sont en première ligne face au coronavirus, touchées à la fois par la perte d’emploi et le risque de contamination.

« Lourd héritage du Brésil colonial »

Tout sauf un hasard : à Rio de Janeiro, la première victime de la pandémie fut une femme de ménage. Agée de 63 ans, atteinte de diabète et d’hypertension, elle continuait à travailler pour une famille de riches Cariocas habitant le très chic quartier de Leblon. La « patronne » était allée en février fêter le carnaval en Italie. Rentrée de ses vacances avec des symptômes du Covid-19, elle n’a pas cru bon d’éloigner ni même d’informer « sa » domestique. Celle-ci mourra à l’hôpital le 17 mars.

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