Au Brésil, la marée noire, d’origine toujours inconnue, atteint les côtes de l’Etat de Rio

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Trois mois après la découverte des premières traces d’hydrocarbures sur les plages, plus de 2 000 km de côte ont été touchées, et le président se prépare « au pire ».

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 18h52, mis à jour à 18h55

Temps de Lecture 2 min.

L’étendue de la marée noire est suivie par le ministère de la défense à Brasilia (le 21 novembre).
L’étendue de la marée noire est suivie par le ministère de la défense à Brasilia (le 21 novembre). ADRIANO MACHADO / REUTERS

La marée noire qui a déjà souillé plus de 2 000 km du littoral brésilien depuis fin août a atteint pour la première fois l’Etat de Rio de Janeiro, en petite quantité et loin des plages les plus renommées, mais le président Bolsonaro craint que le pire soit à venir.

Selon la Marine, 300 grammes de pétrole ont été retrouvés sur la plage de Grussai, à Sao Joao da Barra, à plus de 300 km au nord de Rio de Janeiro, la capitale touristique du Brésil. « Les échantillons analysés sont compatibles avec le pétrole retrouvé sur le littoral du nord-est » précise un communiqué, illustré d’une photo montrant des petites boulettes noires de moins d’un centimètre dans le creux de la main d’un membre de la Marine utilisant un gant en plastique.

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« Nous nous préparons au pire »

« Nous ne savons toujours pas la quantité de pétrole qu’il reste encore en mer », a affirmé samedi le président brésilien Jair Bolsonaro, en marge d’une cérémonie militaire dans la ville de Rio. « Dans le pire des cas, si un pétrolier a rejeté à la mer toute sa cargaison, moins de 10 % est arrivé sur nos côtes. C’est pourquoi nous nous préparons au pire », a-t-il ajouté.

Cette marée noire d’origine mystérieuse a commencé à souiller des plages de la région nord-est à la fin du mois d’août, les premières galettes étant arrivées dans l’Etat de Paraiba. Elle s’est ensuite répandue en grande quantité, arrivant début novembre dans l’Etat d’Espirito Santo (sud-est), au nord de Rio. Selon la Marine, plus de 4 500 tonnes de résidus d’hydrocarbures ont été ramassées et plus de 5 000 militaires ont été mobilisés pour les opérations de nettoyage.

Des volontaires ramassent des galettes de pétrole dans l’Etat de Bahia, le 26 octobre.
Des volontaires ramassent des galettes de pétrole dans l’Etat de Bahia, le 26 octobre. LUCAS LANDAU / REUTERS

Inquiétude pour les coraux et la mangrove

L’agence publique environnementale Ibama a recensé plus de 700 localités dont les bords de mer ont été souillés de pétrole, la marée noire touchant plus de 70 % des villes côtières du nord-est, une région pauvre dont l’économie dépend beaucoup du tourisme.

Les fragments de pétrole retrouvés dans l’Etat de Rio sont pour l’instant encore à plusieurs centaines de kilomètres de lieux emblématiques comme la plage de Copacabana ou la cité balnéaire de Buzios, très prisées des touristes du monde entier, mais l’ampleur des zones touchées n’a cessé d’augmenter ces derniers mois. Au-delà des plages, les spécialistes s’inquiètent de la pollution des récifs coralliens et de la mangrove, beaucoup plus difficiles à nettoyer.

Le gouvernement Bolsonaro, dont la politique environnementale a déjà été fortement critiquée en raison de la recrudescence des feux de forêt et de la déforestation en Amazonie, a été mis en cause par plusieurs ONG qui dénoncent l’inertie des autorités face à la marée noire.

Une pollution d’origine toujours inconnue trois mois après

Les causes de ce désastre environnemental n’ont toujours pas été établies et l’origine de la fuite demeure inconnue, même si des analyses de prélèvements ont confirmé que le pétrole était d’origine vénézuélienne.

Les autorités ont annoncé début novembre que les soupçons pesaient sur un cargo grec nommé Bouboulina, mais l’armateur a nié toute implication. Jeudi, des chercheurs de l’université d’Alagoas (nord-est) ont présenté lors d’une audience à la chambre des Députés un rapport mettant hors de cause le Bouboulina, mais jetant la suspicion sur d’autres navires, des affirmations pour le moment non confirmées par les autorités.

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