Au Brésil, des révélations sur l’opération « Lava Jato » ternissent encore l’image de la justice

0
136

[ad_1]

Depuis un mois et demi, les méthodes de travail de même que les motivations des procureurs et des juges de l’opération anticorruption sont mises en cause.

Par Publié aujourd’hui à 11h20, mis à jour à 11h57

Temps de Lecture 3 min.

La phrase a été lancée au détour d’une déposition aux allures de réquisitoire contre une justice brésilienne à la dérive. Le 3 juillet, Carlos Armando Paschoal, ex-cadre du groupe de BTP Odebrecht, entreprise dévastée par le scandale de corruption mis au jour par l’opération judiciaire « Lava Jato » (lavage express), est interrogé par la justice de Sao Paulo quand il confie avoir été par le passé « quasi contraint » par les procureurs de « Lava Jato » de bâtir un récit dans l’affaire dite « du site d’Atibaia », une résidence de villégiature dans l’Etat de Sao Paulo, à l’origine d’une deuxième condamnation visant l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula.

Lire aussi : Tout comprendre de l’opération « Lava Jato »

Le propos, rendu public mardi 16 juillet, a fait l’effet d’une grenade dégoupillée. Une de plus, visant les méthodes de travail des procureurs et des juges de l’opération anticorruption, mises à mal par The Intercept Brasil.

Depuis un mois et demi, le site cofondé par le journaliste américain Glenn Greenwald, égraine, en partenariat avec différents médias brésiliens, des extraits de messages et de conversations chaque jour plus embarrassants entre les procureurs de « Lava Jato » et l’ex-juge Sergio Moro, devenu ministre de la justice du gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro.

Distillées au compte-gouttes, les conversations révèlent les agissements d’une justice flirtant avec l’illégalité et oubliant l’éthique afin de mettre sous les verrous ceux qu’elle considère comme de dangereux prévenus, en particulier Lula, figure iconique de la gauche brésilienne.

Lire aussi : « Au Brésil, la justice a été instrumentalisée à des fins politiques »

Aux messages dévoilant un prisme politique laissant penser que l’opération prétendait contribuer à éviter le retour au pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche) lors de l’élection de 2018, se sont ajoutées, plus récemment, des révélations sur l’avidité supposée de Deltan Dallagnol, protagoniste de l’opération. Le procureur, connu pour sa conférence de presse PowerPoint de février 2017, où il avait fait de Lula le « commandant suprême » d’une gigantesque entreprise de pots-de-vin, aurait tenté de monnayer ses interventions publiques en créant une société dans laquelle son nom n’apparaîtrait pas.

Le procureur Deltan Dallagnol s’exprimant dans le cadre de l’opération « Lava Jato ». A Curitiba, le 7 décembre 2017.
Le procureur Deltan Dallagnol s’exprimant dans le cadre de l’opération « Lava Jato ». A Curitiba, le 7 décembre 2017. HEULER ANDREY / AFP

Mercredi, le quotidien Folha de Sao Paulo indiquait que le jeune procureur épris de morale avait notamment réclamé, pour lui, sa femme et ses enfants, des entrées au Beach Park, un parc aquatique à Aquiraz, ville du Nordeste, en sus d’un cachet de 30 000 reais (7 100 euros environ) pour une conférence sur la lutte contre la corruption à la fédération des industries de l’Etat de Ceara (FIEC) en juillet 2017. Une enquête disciplinaire a été ouverte.

« République bananière »

Mardi, Sergio Moro, qui fut à la tête de « Lava Jato », a traité par le mépris ces dernières révélations, continuant de douter de la véracité des messages. « Cette campagne contre Lava Jato et en faveur de la corruption frise le ridicule (…). S’il y a quelque chose de sérieux et d’authentique, publiez-le, s’il vous plaît », a-t-il écrit sur Twitter.

Lire aussi Au Brésil, l’ancien juge Sergio Moro tente de garder son aura de héros de l’anticorruption

L’ancien « shérif anticorruption » a perdu sa stature de « sauveur de la patrie », mais se sait soutenu par une partie du pays et, surtout, par l’électorat le plus radical de Jair Bolsonaro, qui a fait du chef d’Etat un mythe et de Sergio Moro son apôtre. « Bolsonaro est soutenu par 33 % des Brésiliens, qui sont, comme pour Trump, des die-hard supporters”[défenseurs acharnés]. Pour eux, toutes les informations négatives sont et seront traitées comme des fake news », observe Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas de Sao Paulo.

« Il faut une enquête pour savoir si ces messages sont authentiques. Mais, d’ores et déjà, l’image de la justice est affectée et le Brésil prend des allures de république bananière », soupire José Alvaro Moises, professeur de sciences politiques à l’université de Sao Paulo, évoquant, au-delà des révélations liées à « Lava Jato », la décision d’un juge de la Cour suprême de suspendre l’enquête visant Flavio Bolsonaro, fils aîné du président, et celle du chef d’Etat de nommer un autre de ses fils, Eduardo, ambassadeur aux Etats-Unis, en dépit d’accusations de népotisme.

Réagissez ou consultez l’ensemble des contributions

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: