Au Bangladesh, les Rohingya menacés d’une coupure des télécommunications

0
159

[ad_1]

Deux ans après sa fuite de Birmanie, la communauté musulmane réfugiée à la frontière subit l’hostilité du peuple et des autorités bangladais.

Par Publié aujourd’hui à 10h17

Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Des réfugiés rohingya rassemblés pour le deuxième anniversaire de leur fuite de Birmanie, au camp de Kutupalong (Bangladesh), le 25 août 2019.
Des réfugiés rohingya rassemblés pour le deuxième anniversaire de leur fuite de Birmanie, au camp de Kutupalong (Bangladesh), le 25 août 2019. RAFIQUR RAHMAN / REUTERS

Ce dimanche 8 septembre après-midi, des officiels ont fait le tour des boutiques dans les communes les plus proches des camps de Rohingya, dans l’est du Bangladesh. Avec un message clair : interdiction formelle de vendre des cartes SIM ou des recharges de crédit d’appel aux réfugiés, sous peine de sanctions pénales. Deux ans après que 743 000 membres de cette minorité musulmane, fuyant une opération de nettoyage ethnique de l’armée birmane d’une ampleur sans précédent, ont traversé la frontière, le Bangladesh, pays parmi les plus densément peuplés et les plus pauvres, a perdu patience.

Déjà, depuis le début du mois, la 3G est coupée chaque jour à 17 heures et jusqu’au petit matin. Depuis le 8 septembre, les opérateurs doivent aussi réduire le signal mobile le long de la frontière. Avec un argument juridique tout trouvé : il faut une pièce d’identité pour posséder une ligne mobile, or, Dacca n’accorde pas le statut de réfugié, synonyme de présence durable, à la plupart des Rohingya arrivés depuis 2017. « S’ils nous coupent les télécommunications, c’est une prison à ciel ouvert. Nous sommes des animaux dans un zoo », lance Muhammed Nowkhim, arrivé en octobre 2017 et joint par téléphone à la veille de l’interdiction. Dans les faits, l’importance du marché noir au Bangladesh rendra difficile une saisie de l’intégralité des cartes SIM, mais la vie dans les camps s’annonce encore plus compliquée.

Lire aussi Au Bangladesh, 200 000 Rohingya manifestent pour commémorer leurs deux ans d’exil

Selon le gouvernement bangladais, l’arrivée de cette population s’est traduite par une hausse du trafic de méthamphétamine, drogue la plus répandue dans les rues d’Asie. La rancœur monte chez les habitants des communes alentour, qui craignent pour leurs emplois, même si les Rohingya ne peuvent s’éloigner des camps du fait des nombreux barrages policiers. En août, des manifestations contre leur présence ont éclaté après que la police a accusé des réfugiés du meurtre d’un responsable local du parti au pouvoir, la Ligue Awami. La grande route qui traverse la région a été bloquée pendant trois heures par les locaux et des échoppes ont été vandalisées. Quatre Rohingya ont été abattus. Le 4 septembre, la commission de défense du Parlement bangladais recommandait de poser une clôture pour s’assurer que les Rohingya ne sortent pas de leur camp.

Aucun signe de remords

Dans le plus gros camp de réfugiés de la planète, on soupçonne les autorités bangladaises de vouloir par cette interdiction éviter que les Rohingya ne s’organisent davantage et ne communiquent sur leur crainte du retour en Birmanie. Le 25 août, un rassemblement a commémoré les deux ans du début de l’opération répressive de l’armée du Myanmar. « On retire à notre société le droit de s’informer », s’alarme Ahasanul Kabir, un maji, responsable de la communauté. « Si des membres de la famille ou des amis sont dans une situation grave, nous serons dans l’incapacité de les joindre », ajoute-t-il.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: