Assad-Makhlouf, duel familial au sommet en Syrie

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En cinquante années de règne en Syrie, jamais la famille Assad ne s’était déchirée en public. La règle imposait de mettre en sourdine les conflits internes au clan au pouvoir. En 1984, même si le bras de fer entre Hafez Al-Assad, le fondateur du régime, et son frère Refaat n’avait pas été loin de déborder dans la rue, la presse officielle n’en avait pas dit mot. Rien ne devait entamer l’illusion d’un système parfaitement pyramidal, uni dans son obéissance au maître de Damas.

Ce tabou a été brisé ces derniers jours par la diffusion sur Facebook de deux vidéos dans lesquelles l’homme d’affaires Rami Makhlouf, considéré comme la plus grosse fortune de Syrie, interpelle son cousin germain, le président Bachar Al-Assad, issu comme lui de la minorité alaouite. Dans le premier film, mis en ligne jeudi 30 avril, le magnat des télécoms, honni des opposants, qui voient en lui le symbole de la corruption du régime, implore le chef de l’Etat de rééchelonner les arriérés d’impôts réclamés à son groupe. Une somme qui s’élève selon lui à 178 millions de dollars (162 millions d’euros).

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Dans le second film, diffusé dimanche 3 mai, le quinquagénaire, qui a largement financé la répression du soulèvement anti-Assad de 2011, dénonce les pressions exercées sur sa société, Syriatel, leader du marché de la téléphonie mobile, notamment les arrestations de ses employés. « Quelqu’un peut-il imaginer que les services de sécurité s’en prennent aux entreprises de Rami Makhlouf, qui a été le plus grand soutien et parrain de ces services pendant la guerre ?, s’interroge-t-il. Si nous continuons sur cette voie, la situation dans le pays deviendra très difficile », ajoute-t-il, dans une menace voilée à l’endroit du président.

Jérémiades cocasses

De la part d’un oligarque comme Rami Makhlouf, qui a mis en coupe réglée la moitié de l’économie du pays, ces jérémiades sont pour le moins cocasses. Le procès que lui fait le gouvernement prête tout autant à sourire. N’est-ce pas lui qui, en 2014, a rabaissé la part des bénéfices de Syriatel devant être versés dans les coffres de l’Etat de 60 % à 20 % ? La discorde entre les deux anciens partenaires témoigne de la recomposition de la scène économique syrienne après neuf années de guerre civile qui ont vu le PIB national chuter de 60 milliards de dollars en 2010 à 17 milliards aujourd’hui.

« Les rentes dérivées de l’Etat ont diminué de manière massive, décrypte le politologue syro-suisse Joseph Daher, chercheur à l’Institut universitaire européen de Florence. Bachar Al-Assad, son épouse, Asma, et son frère Maher s’efforcent de concentrer le peu de richesse qui reste entre leurs mains et celles des hommes d’affaires qui leur sont affiliés. La famille Assad nucléaire ne veut plus dépendre de Rami Makhlouf, qui, avant 2011, était le banquier du régime. L’objectif est de diminuer son autonomie et de l’assujettir au palais présidentiel. »

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