Asia Bibi, chrétienne condamnée à mort pour blasphème puis acquittée au Pakistan, souhaite s’installer en France

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Asia Bibi accueillie par Anne Hidalgo à l’Hôtel de ville de Paris, le 25 février.
Asia Bibi accueillie par Anne Hidalgo à l’Hôtel de ville de Paris, le 25 février. MICHEL EULER / AP

C’est une femme menue, vêtue d’une tunique brune ornée de bijoux, une perle dans le nez, qui n’en revient pas de l’honneur qui lui est fait dans ce salon de l’Hôtel de Ville de Paris baigné par la lumière du jour tombant mardi 25 février : la Pakistanaise Asia Bibi, 48 ans, une revenante du couloir de la mort, reçoit des mains de la maire Anne Hidalgo le diplôme de citoyenne d’honneur de la Ville de Paris, une distinction qui lui avait été attribuée en 2015, in absentia – au côté, cette année-là, de Charlie Hebdo.

Tout un symbole : Asia Bibi, une paysanne catholique analphabète de la province pakistanaise du Pendjab, mère de deux filles, fut condamnée à mort en 2010 pour blasphème, après que des femmes musulmanes de son village l’ont accusée d’avoir bu l’eau du puits dans leur gobelet, un jour de juin 2009 où elles participaient ensemble à la cueillette de fruits, et de l’avoir ainsi souillée parce qu’elle était chrétienne. Asia Bibi répond à leurs attaques, elles l’accusent d’avoir « insulté le prophète » et la rouent de coups.

Cette petite vengeance de la part des mégères dans un conflit de voisinage au long cours allait prendre dans les semaines, puis les années, qui suivirent une proportion inouïe. Dans le code pénal pakistanais, le délit de blasphème, hérité des Anglais, et durci en 1986 sous le général putschiste Zia Ul Haq dans le but d’islamiser la société, aura depuis cette date puni pas loin de 2 000 personnes, le plus souvent des chrétiens (2 % de la population pakistanaise), des Ahmadis – que l’orthodoxie musulmane considère comme hérétiques – mais aussi d’autres musulmans. La condamnation à mort d’Asia Bibi sera confirmée en appel en octobre 2014 par la haute cour de Lahore – jusqu’à ce que la Cour suprême prononce enfin, le 31 octobre 2018, l’acquittement de la chrétienne.

Lire aussi La Pakistanaise Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème, finalement acquittée

Durant ces huit années, Asia Bibi deviendra la cible des groupes religieux extrémistes de tout le Pakistan, et dans le reste du monde le symbole vivant de l’intolérance religieuse. En 2010, après sa première condamnation, la mention de son nom par le pape Benoit XVI entraîne des manifestations de haine dans tout le pays.

« La France, c’est pour moi un symbole »

« Bien des années plus tard, j’ai enfin compris pourquoi j’étais devenue l’emblème des lois anti-blasphème », écrit-elle dans l’autobiographie Enfin Libre ! (Editions du Rocher, 2020), qu’elle a coécrite avec Anne-Isabelle Tollet, la journaliste française qui a contribué à la faire connaître par deux précédents ouvrages et a créé le Comité international Asia Bibi en 2015. « Quand le pape prend votre défense, les musulmans fanatiques pensent qu’il s’agit d’un duel entre l’islam et l’Eglise catholique », poursuit-elle.

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