Après quinze ans au pouvoir, le premier ministre de Dominique brigue un quatrième mandat

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Le premier ministre dominiquais Roosevelt Skerrit, sur une photo d’archives de 2015, à Bruxelles.
Le premier ministre dominiquais Roosevelt Skerrit, sur une photo d’archives de 2015, à Bruxelles. THIERRY CHARLIER / AFP

Les élections générales pour renouveler les 21 membres de l’Assemblée législative de la Dominique se sont finalement tenues ce vendredi 6 décembre, après plusieurs jours d’incertitude. Une série de manifestations et de blocages de routes ont en effet secoué cette petite île caribéenne de 71 000 habitants située entre la Martinique et la Guadeloupe, faisant craindre un embrasement de la situation.

Les manifestants y réclamaient une réforme électorale et le report des élections, et dénonçaient la volonté présumée du premier ministre actuel, Roosevelt Skerrit, au pouvoir depuis quinze ans et dont le Parti de la liberté (DLP) détient la majorité absolue, de s’y maintenir coûte que coûte.

Lundi, le premier ministre avait interdit tout meeting électoral. Des manifestations ont dégénéré en affrontements avec la police, qui a fait usage de gaz lacrymogènes. M. Skerrit avait alors regretté « l’intrusion de la violence dans la campagne électorale, d’une façon inhabituelle, inutile et improductive ». Brian Linton, le frère du chef de l’opposition et candidat aux élections, Lennox Linton, a accusé la police d’utiliser des balles réelles contre les manifestants.

Accusation de vente de passeports diplomatiques

Vendredi, pourtant, les bureaux de vote ont ouvert normalement, alors que de nombreux électeurs faisaient déjà la queue.

A l’origine de la colère populaire, les accusations de l’opposition, menée par Lennox Linton. Selon lui, les listes électorales ne sont pas mises à jour et incluent des personnes décédées, ainsi que des membres de la diaspora qui, selon la loi électorale, ne devraient pas avoir le droit de vote car ils ont quitté le pays il y a plus de cinq ans.

L’opposition accuse par ailleurs le DLP de payer des citoyens dominiquais résidant dans les îles voisines pour aller voter, lui assurant de se maintenir à la tête du pays.

Selon une enquête de la chaîne Al-Jazira diffusée le 27 novembre, le premier ministre financerait cette politique notamment grâce à la vente de passeports diplomatiques à de riches entrepreneurs, une pratique légale, ou, pire encore, à des criminels s’achetant ainsi une immunité. Une technique, assure la chaîne, déjà utilisée avec succès lors des précédentes législatives de 2014, mais niée par M. Skerrit.

Après une mission d’observation réalisée conjointement début août à la demande du gouvernement dominiquais, l’Organisation des Etats américains (OEA), la Communauté des Caraïbes (Caricom) et le Commonwealth avaient publié une série de recommandations. Celles-ci incluaient la mise à jour des listes électorales pour y expurger les personnes décédées, la création de cartes d’électeur sécurisées et la vérification minutieuse des électeurs résidant à l’étranger. Mais ces recommandations sont restées lettre morte.

L’Organisation des Etats américains brocardée

L’OEA est, au contraire, accusée d’ingérence dans les affaires du pays par le gouvernement, qui a refusé une mission d’observation des élections le 6 décembre, assurant que le but de l’organisation était de s’immiscer dans le processus électoral, comme en Bolivie. Le premier ministre a, en ce sens, reçu le soutien d’autres chefs d’Etat de la région, tels que le premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Goncalves, qui a affirmé que l’OEA et son secrétaire général, Luis Almagro, « sont les ennemis des forces démocratiques et progressistes du continent ».

Même réaction du côté de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), dont fait partie la Dominique, et qui dénonce « l’application de la même forme de violence et de mort utilisée en Bolivie, cette fois contre le Commonwealth de Dominique [le nom complet de l’île] dont le but et l’objectif semblent être de forcer un changement anticonstitutionnel du gouvernement du premier ministre Roosevelt Skerrit ».

Ce dernier a accusé le chef de l’opposition d’utiliser des acteurs étrangers pour prendre le pouvoir. « [Lennox Linton] demande l’aide de l’Organisation des Etats américains. Il veut un changement de gouvernement sans affronter d’élections », a-t-il dénoncé, sans donner d’autres précisions. « Les habitants de Dominique décideront le 6 décembre qui les dirigera. Ces élections seront libres et justes, malgré leurs mensonges », a-t-il ajouté.

Les investissements de Pékin

Une pétition, signée par 4 700 personnes, a circulé depuis la fin octobre pour demander le report de l’élection, afin que les listes soient mises à jour. La Haute Cour de Roseau s’était déclarée incompétente, mardi 3 décembre, pour reporter l’élection, comme le lui avait demandé un groupe de sept citoyens dominiquais.

Lors de sa campagne, Roosevelt Skerrit a mis en avant ses bons résultats économiques après le passage dévastateur de l’ouragan Maria en septembre 2017, qui a détruit 70 % de l’île et a fait plus de 60 morts. Le Fonds monétaire international prévoit une croissance de 9,4 % en 2019. Les écoles ont réouvert, les touristes sont revenus, un nouvel hôpital financé par la Chine, l’Hôpital Amitié Dominique-Chine, a ouvert ses portes en septembre à Roseau. Le premier ministre a également annoncé que Pékin participerait à la construction d’un nouvel aéroport international.

A Roseau, après le passage de l’ouragan Maria, en 2017.
A Roseau, après le passage de l’ouragan Maria, en 2017. CEDRICK ISHAM CALVADOS / AFP

Lennox Linton, lui, promet d’augmenter les pensions de retraite et le salaire minimum, propose de limiter à deux le nombre de mandats consécutifs et a axé sa campagne sur la lutte anticorruption. Pourtant, l’enquête d’Al-Jazira a montré son propre avocat en train de négocier, lui aussi, un poste d’ambassadeur en échange de matériels et de financement de campagne. Des accusations fortement démenties par M. Linton.

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