Après l’attentat de Hanau, l’Allemagne face au poison du racisme

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Rassemblement à Hanau (Allemagne), le 20 février 2020, au lendemain de la tuerie dans des bars à chicha.
Rassemblement à Hanau (Allemagne), le 20 février 2020, au lendemain de la tuerie dans des bars à chicha. ODD ANDERSEN / AFP

Editorial du « Monde ». Il y a à peine moins d’un an, le 15 mars 2019, un homme armé jusqu’aux dents faisait irruption dans une mosquée de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, tirait aveuglément sur les fidèles réunis pour la prière du vendredi, puis répétait le même scénario dans une seconde mosquée, tuant au total 51 personnes, pour la plupart des immigrés. Le tueur, un Australien de 28 ans, se réclamait des thèses conspirationnistes et islamophobes d’extrême droite, dans lesquelles il avait abondamment puisé et qu’il avait répandues sur Internet.

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C’est de la même logique de haine raciste que se réclamait l’Allemand de 43 ans qui a tué, mercredi 19 février, à Hanau, en Allemagne, neuf personnes au cours de deux fusillades dans des bars à chicha. Si les similitudes sont frappantes entre ces deux tragédies dans des pays aux antipodes l’un de l’autre, il y a, cependant, une différence importante : l’attaque de Christchurch était sans précédent dans la paisible Nouvelle-Zélande, alors que, en Allemagne, les violences meurtrières perpétrées par des personnes ou des groupes se disant ouvertement d’extrême droite se sont multipliées ces dernières années.

Alors que toute l’attention était fixée sur le terrorisme islamiste en Europe, les thèses extrémistes racistes ont insidieusement progressé dans la quasi-totalité des démocraties de l’Union européenne, sous le couvert d’opposition à l’immigration. Mais c’est en Allemagne qu’elles ont pris la forme la plus violente, nourrissant la folie d’individus et de groupuscules prêts à passer à l’acte pour s’en prendre physiquement aux immigrés, aux juifs et aux musulmans, ainsi qu’à ceux qui les défendent.

L’AfD nie le caractère idéologique de la tuerie

La chancelière Angela Merkel a raison de qualifier ce terrorisme de « poison » : la violence raciste semble s’être insinuée dans le corps social allemand et y progresser inexorablement. Après une série de meurtres d’immigrés dans les années 2000, il y a eu les chasses au musulman dans les rues de Chemnitz, dans l’ex-RDA, en 2018, puis l’assassinat, en 2019, de Walter Lübcke, responsable régional de la CDU, le parti de Mme Merkel, qui avait activement défendu l’accueil d’un million de réfugiés en 2015. L’attaque de la synagogue de Halle a suivi, en octobre 2019, chacun de ces épisodes marquant une nouvelle étape dans l’expression ou la cible de la violence raciste.

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Y a-t-il une spécificité allemande à ce fléau ? Les services de sécurité d’outre-Rhin ont été critiqués pour avoir sous-estimé l’ampleur de la violence xénophobe, voire pour s’être laissé infiltrer par les partisans des thèses néonazies. Longtemps à l’abri, en grande partie à cause de son histoire, de la montée des partis d’extrême droite présents dans d’autres pays comme la France, l’Allemagne est aujourd’hui profondément secouée par les succès électoraux et le discours radical d’AfD (Alternative für Deutschland), qui dispose de 92 députés au Bundestag depuis 2017.

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AfD est d’ailleurs le seul parti à avoir nié, jeudi, le caractère idéologique de la tuerie de Hanau, amenant le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Michael Roth (SPD), à qualifier ce parti de « bras politique du terrorisme d’extrême droite ». La mise en cause d’AfD ne peut suffire. Il faut rechercher en profondeur les raisons de la montée de l’extrême droite en Allemagne. Les autres partis et les responsables publics doivent aussi éviter toute complaisance et passer résolument à l’offensive. Le poison n’est pas nécessairement mortel : il se combat. Mais il faut pour cela de puissants antidotes.

Le Monde

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