Amnesty dénonce l’usage de grenades tueuses par la police irakienne

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En cinq jours, au moins cinq manifestants sont morts à cause de ces grenades « brise-crâne ». Depuis le début du mouvement de protestation, le 1er octobre, plus de 250 personnes ont été tuées, notamment par des tirs de sniper.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 20h34, mis à jour à 20h49

Temps de Lecture 3 min.

Un manifestant antigouvernemental renvoie une bombe lacrymogène tirée par les forces de sécurité irakiennes pour disperser une manifestation, à Bagdad, le mercredi 30 octobre.
Un manifestant antigouvernemental renvoie une bombe lacrymogène tirée par les forces de sécurité irakiennes pour disperser une manifestation, à Bagdad, le mercredi 30 octobre. Hadi Mizban / AP

Cinq manifestants ont été tués à Bagdad par des grenades lacrymogènes « brise-crâne », « jamais vues avant », a rapporté jeudi 31 octobre Amnesty International, appelant l’Irak à cesser d’utiliser ces projectiles dix fois plus lourds que les grenades habituellement employées. Depuis que les manifestations réclamant « la chute du régime » ont repris en Irak il y a une semaine, la place Tahrir de Bagdad, épicentre du mouvement, vit jour et nuit dans un nuage de gaz lacrymogènes.

En cinq jours, selon Amnesty, au moins cinq manifestants ont été tués par des grenades « brise-crâne » tirées par les forces de l’ordre. Ces grenades, fabriquées en Serbie et en Bulgarie, « n’ont jamais été vues avant », affirme l’organisation non gouvernementale (ONG), estimant qu’« elles visent à tuer et pas à disperser » les manifestants.

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Des grenades dix fois plus puissantes

Des vidéos tournées par des militants montrent des hommes à terre, le crâne fracturé par des grenades alors que de la fumée s’échappe de leur crâne, de leur nez et de leurs yeux. Des analyses par imagerie médicale authentifiées par Amnesty montrent des grenades entièrement encastrées dans le crâne de manifestants tués.

Les grenades lacrymogènes habituellement utilisées par la police à travers le monde « pèsent entre 25 et 50 grammes », d’après Amnesty, mais celles qui sont utilisées à Bagdad « pèsent entre 220 et 250 grammes » et leur force est « multipliée par dix » lorsqu’elles sont tirées.

Un médecin bagdadien a déclaré avoir vu « pour la première fois » des blessures causées par des grenades de ce type. A leur arrivée à l’hôpital, « on sait que les blessés ont été touchés par des grenades grâce à l’odeur. S’ils sont encore en vie, on cherche la blessure pour sortir la grenade », a-t-il expliqué. « C’est très clair que les impacts sont directs », et non causés par le rebond de grenades tirées au sol, a-t-il poursuivi.

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Plus de 250 personnes tuées

L’ONG cite un médecin dans un hôpital proche de la place Tahrir qui dit recevoir « chaque jour six à sept blessés à la tête » par ces projectiles. Ces morts interviennent alors que, selon un bilan officiel, plus de 250 personnes ont été tuées dans des manifestations et des violences en Irak depuis le 1er octobre.

Lors du premier épisode de manifestations, du 1er au 6 octobre, 70 % des morts avaient été touchés à la tête ou au torse par des tirs de snipers que l’Etat affirme toujours ne pas pouvoir identifier. Depuis la reprise du mouvement, le 24 octobre, aucun tir à balles réelles des forces de l’ordre n’a été recensé dans la capitale, mais une quarantaine de manifestants y ont été tués.

Un responsable irakien de la sécurité a assuré que de nombreux membres des forces de l’ordre affirmaient ne pas avoir été entraînés au contrôle des foules, dans un pays régulièrement en guerre mais qui vit actuellement sa crise sociale la plus meurtrière depuis la chute de Saddam Hussein en 2003.

Douzième pays le plus corrompu du monde

L’Irak est le douzième pays le plus corrompu du monde selon l’ONG Transparency International. Selon les instances officielles, la corruption a englouti, depuis la fin du régime de Saddam Hussein, au moins 410 milliards d’euros, soit quatre fois le budget de l’Etat et plus de deux fois le produit intérieur brut (PIB) de l’Irak.

Outre les slogans réclamant du travail pour les jeunes – dont le taux de chômage de 25 % est deux fois supérieur à la moyenne nationale – et des services publics, des manifestants brandissaient des affiches de soutien au général Abdel Wahab Al-Saadi. Ce dernier, patron du contre-terrorisme, des unités d’élite créées et armées par les Américains, a été mis à l’écart fin septembre par le premier ministre Adel Abdel Mahdi, provoquant une levée de boucliers – cette décision étant vue par des observateurs comme favorable aux factions pro-Iran en Irak.

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