[ad_1]
« Le sol était en général rocailleux, mais couvert d’une abondante végétation; les arbres sauvages y poussaient si dru et si emmêlés, qu’on ne pouvait qu’à grand’peine s’y frayer un passage (1). » Ainsi était rapportée la description (partielle) de Maurice par le Vice-Amiral Wybrandt Van Warwyck à la découverte de l’île en 1598. De leur passage, les Hollandais ne laisseront que peu de traces archéologiques et de cette image bucolique il ne reste sans doute que les ruines d’un des tout premiers bâtiments, le Fort Frederick Hendrick au Vieux Grand Port.
À partir de 1715 et pendant 253 ans jusqu’à l’indépendance en 1968, le paysage naturel ou originel de l’île se trouva totalement transformé, aménagé et forgé par le sucre. Les peuplements successifs, les agglomérations, les concessions, les usines, les grands et petits morcellements ont tous été dirigés vers la création et l’établissement durable d’une économie de plantation. Cet aménagement du territoire dans sa définition selon l’école française de géographie peut se résumer comme « l’action et la pratique de disposer avec ordre, à travers l’espace d’un pays et dans une vision prospective, les hommes et leurs activités, les équipements et les moyens de communication qu’ils peuvent utiliser, en prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques, voire stratégiques ». Plus clairement, notre île a été façonnée et peuplée avec comme objectifs principaux les besoins de production, de transport et d’exportation du sucre, à tel point que les champs de cannes, le parfum des usines en saison de coupe, les camions Bedford semblent faire partie de l’ADN psychologique du Mauricien. Concrètement, aujourd’hui encore, nous utilisons les anciennes routes de l’époque française et le Metro Express suivra en partie le tracé du train de l’époque anglaise.
De cette monoculture cannière, en 51 ans, notre économie et notre paysage se sont diversifiés, transformés et tout simplement développés. Hôtels et resorts sur tout le littoral, usines manufacturières implantées ici et là, gratte-ciel et bientôt smart-cities en devenir ; tous ceux-ci presqu’en un clin d’œil, bouleversant les modes de vie. Le propos ici n’est pas de revenir sur la création des cités ouvrières et la ségrégation socio-spatiale subie par leurs habitants ni sur l’aliénation des valeurs humaines engendrée par le tout-tourisme comme le dénonçait Sir Gaëtan Duval dans un entretien à la télévision française en 1987. Il s’agit plutôt de voir, d’illustrer, de montrer la rapide et dynamique urbanisation croissante du paysage mauricien au fil des années tant celle-ci sculpte et moule de manière déterminante notre cadre de vie. Pourtant, la plupart des citoyens sont peu conscients des enjeux qui y sont liés, encore moins sont-ils concertés. Un grand exercice d’élaboration d’un plan d’aménagement national aurait éventuellement pu être annoncé dans un budget, celui-ci s’est une nouvelle fois fait attendre, d’un gouvernement à l’autre.
Cette série d’images satellites et aériennes est extraite du logiciel en ligne et libre d’accès Google Earth. Sans faire une analyse spatio-temporelle technique et approfondie, la juxtaposition d’images prises à différentes dates a pour objectif ici de permettre une comparaison visuelle simple de quelques régions et lieux du pays; l’avant et l’après, l’ancien et le maintenant sans pour autant remonter trop loin dans le temps car justement les changements de notre espace de vie sont visibles en quelques années.
[ad_2]
Source link
Have something to say? Leave a comment: