Amani Ballour, directrice d’hôpital sous les bombes de Syrie

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Extrait du documentaire « The Cave », avec Amani Ballour.

C’est l’histoire d’une révolution dans la révolution. Une transformation personnelle dans le fracas de la révolte syrienne. Amani Ballour, étudiante en médecine, a 23 ans, en mars 2011, lorsque son pays, la Syrie, bascule à son tour dans la révolte des « printemps arabes ». La Ghouta, la banlieue pauvre de Damas où elle a grandi, rejoint immédiatement la contestation. Les cortèges qui réclament le départ du président Bachar Al-Assad se font mitrailler par les services de sécurité.

Le sang coule. Les manifestants crient à l’aide. Amani, qui avait dû batailler pour faire accepter à ses parents qu’elle fasse des études, abandonne alors sa spécialisation en pédiatrie. Elle s’enrôle dans les cliniques de fortune montées à l’écart des hôpitaux gouvernementaux où les blessés risquent d’être arrêtés. L’apprenti urgentiste découvre les vertiges de la lutte, la joie indicible de sauver des vies et le goût amer de l’impuissance. Comme en août 2013, après le bombardement au sarin de la Ghouta, lorsque les morts se comptent par centaines, tous asphyxiés dans leur sommeil.

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Avec son esprit de décision et ses talents d’organisatrice, la jeune femme se fait remarquer. En 2016, à l’âge de 28 ans, elle est nommée par ses collègues, en majorité masculins, à la tête du centre de santé où elle officie, un sous-sol d’immeuble où cinq salles d’opération ont été aménagées. « Ma famille ne voulait pas que je prenne ce poste, à cause du conservatisme local, raconte-t-elle. J’ai reçu de nombreuses critiques, des hommes refusaient de me parler lorsqu’ils comprenaient que le directeur de l’hôpital était une femme. Mais tout cela m’a incitée à continuer. »

Un pilonnage sans répit

L’établissement clandestin vit dans un climat de crise perpétuelle. Les largages de barils d’explosifs par hélicoptère, l’une des pratiques favorites du régime Assad, provoque des afflux de blessés. Le blocus imposé à la banlieue rebelle génère des pénuries de médicaments chroniques. En plus de gérer une équipe dévorée par le stress et de colmater les brèches causées par les bombardements, Amani doit négocier avec les contrebandiers qui ont creusé des tunnels en lisière de la Ghouta. C’est par là que passe l’aide que lui envoient des organisations internationales, comme Médecins sans frontières.

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Le combat s’achève au printemps 2018. Avec l’aide de l’aviation russe, qui soumet l’enclave à un pilonnage sans répit, l’armée régulière enfonce les lignes des milices anti-Assad. De peur d’être arrêtés, la directrice et la majorité de ses collègues s’enfuient vers Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, le terminus des naufragés de la révolution. « Deux de mes médecins ont refusé de partir, parce qu’ils croyaient aux promesses de réconciliation du pouvoir. L’un est en prison et l’autre a été tué. »

Aujourd’hui, Amani Ballour vit à Berlin, après un passage par la Turquie. Son épopée humanitaire lui a valu de recevoir le prix Raoul Wallenberg du Conseil de l’Europe et a fait l’objet d’un documentaire, The Cave (« La grotte »), réalisé par son compatriote, Firas Fayyad. Elle espère obtenir l’asile en Allemagne, pour y terminer ses études de pédiatrie. Mais son cœur et ses pensées restent attachés à la Syrie. « C’est mon devoir de continuer de parler, dit-elle, pour attirer l’attention sur les souffrances de ceux qui sont restés là-bas. »

Cet article fait partie d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Forum mondial Normandie pour la paix qui se déroule le 1er et 2 octobre à Caen. Pour en savoir plus, c’est ici.

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