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EVGENIA NOVOZHENINA / REUTERS
PortraitVictime d’un empoisonnement et exfiltré à Berlin, l’opposant à Vladimir Poutine est encore dans le coma. Le régime autocratique du président russe a toujours tout fait pour empêcher cet avocat de formation et blogueur impitoyable d’exister vraiment sur la scène politique.
Pas une seule fois, depuis qu’il est au Kremlin, Vladimir Poutine n’a prononcé son nom. Lorsqu’on l’interroge à son sujet, le président russe affiche une moue indéchiffrable, oscillant entre le dégoût et une ironie un peu hautaine : « Ce personnage », « Ce monsieur », « La personne dont vous parlez »… Comme s’il suffisait d’effacer son nom pour que, par miracle, il se taise. Depuis qu’il est tombé dans le coma, le 20 août, c’est « le patient », comme l’appelle le porte-parole de M. Poutine.
Si l’avion dans lequel il se trouvait n’avait pas atterri à Omsk, ce jour-là, Alexeï Navalny aurait bel et bien disparu de la scène politique russe, selon le directeur de l’ONG Cinema For Peace, qui, au forceps, a obtenu son évacuation vers l’Allemagne, le 22 août. M. Navalny y est toujours dans un état grave. Les médecins berlinois qui le soignent ont trouvé dans son corps des traces d’empoisonnement. Ils ignorent dans quel état l’opposant de 44 ans, père de deux enfants, se réveillera.
« Opposant numéro un » : l’expression est galvaudée et, s’agissant d’Alexeï Navalny, elle est parfois critiquée. Privé de toute apparition ou mention à la télévision, où son nom est, là aussi, tabou, il est certes moins connu des Russes qu’un Vladimir Jirinovski, le dirigeant nationaliste historique, ou qu’un Guennadi Ziouganov, son homologue communiste. Mais ceux-là n’ont d’opposant que le nom : loyaux sur l’essentiel, ils n’ont le droit que de contester les miettes, quelques places au Parlement.
Alexeï Navalny, lui, a fait le choix d’une dénonciation radicale du système autocratique russe et de sa corruption. Opposant numéro un, il l’est aussi devenu par le traitement qui lui a été réservé tout au long de sa carrière, celui d’un ennemi qu’il est vital de bâillonner. Le dédain affiché avec opiniâtreté par Vladimir Poutine contraste avec le traitement qui lui a toujours été réservé par les autorités.
Ce grand gaillard de 1,88 m ne pouvait pas faire un pas, en Russie ou à l’étranger, sans être entouré d’une nuée de provocateurs ou de « journalistes » guettant ou cherchant à provoquer un faux pas. Le 23 août, un article du quotidien Moskovski Komsomolets, basé sur des informations divulguées par le FSB (les services de sécurité russes), a aussi montré le degré de surveillance dont fait l’objet, en permanence, l’opposant. Cet article, interprété comme une façon pour les services de sécurité de clamer leur innocence, récapitule minute par minute l’emploi du temps de M. Navalny à Tomsk, en Sibérie, la veille de son empoisonnement. On y voit un Alexeï Navalny prêt à conduire 25 km, à 22 heures, pour aller se baigner dans la rivière Tom – loin de l’image renvoyée dans les portraits publiés les jours précédents, évoquant son alcoolisme ou sa toxicomanie supposés pour tenter d’expliquer un simple « malaise ».
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