Alexandre Loukachenko, seul contre tous après la révolte en Biélorussie ?

On a un peu facilement tendance, en Europe, à estimer que les actions de tel ou tel régime nous sont destinées, ou qu’elles n’obéissent qu’à des objectifs évaluables en terme de “comm’”. Autrement dit, Alexandre Loukachenko s’en moque d’être discrédité aux yeux des Européens.

Attention, ça n’a pas toujours été le cas : à une époque, quand il cherchait à obtenir la levée des sanctions européennes, à se donner de l’air vis-à-vis de Moscou, Loukachenko a fortement essayé de plaire aux Occidentaux. Il a dépensé pour cela des millions, libéré ses prisonniers politiques… Mais aujourd’hui, il est dans une autre logique : celle du court terme et de la survie. Alors menacer ouvertement une prix Nobel de littérature comme Svetana Alexievitch, tenter d’expulser une opposante Maria Kolesnikova, pour finalement la mettre en prison, répond à des objectifs rationnels : montrer sa détermination, faire peur.

S’il faut voir un message, de la comm’, dans ces actions, ce serait plutôt à destination de la Russie. Maria Kolesnikova est l’une des personnes dans lesquelles les Russes semblent avoir confiance. Les quelques appels de Moscou à négocier pourraient ainsi la concerner. En s’en débarrassant, Loukachenko montre qu’il refuse ce jeu-là et n’est prêt à céder sur rien.