[AFP] Marché du travail: ça va être dur pour les jeunes

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Aussi étonnant que cela puisse être, il n’y a pas de statistiques précises sur le nombre de jeunes réunionnais qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Si l’on considère qu’un peu plus de 70% des bacheliers poursuivent leurs études, ils devraient être environ 3500 à chercher du travail d’ici peu. S’y ajoutent les apprentis et les BTS (environ 8000 jeunes). A la louche, 12 000 jeunes devraient entrer sur le marché de l’emploi cette année. Sans compter ceux qui lâcheront leur cursus en cours de route à l’université qui doit accueillir cette année 18 000 étudiants…

Fin juin, 18 180 personnes de moins de 25 ans étaient à la recherche d’un emploi sur l’île, soit une augmentation de 7,9% par rapport au premier trimestre de l’année. Selon une enquête réalisée par la Mission Locale Nord, trois quarts des jeunes interrogés ont peur de ne pas trouver d’emploi cette année. Et ce n’est pas une crainte infondée : avec la crise sanitaire qui a impacté toutes les filières, les entreprises doivent faire le dos rond en attendant de retrouver un niveau d’activité suffisant. Quitte à embaucher moins ou pas du tout ces prochains mois.

Johnny(*), 24 ans, diplômé d’un BTS dans l’immobilier, souhaite désormais devenir éducateur social. Il est inscrit à la Garantie Jeune depuis janvier. Ce programme permet d’accompagner vers l’emploi, les jeunes entre 16 et 25 ans en situation de grande précarité : ils signent un contrat avec une mission locale et bénéficient d’une aide financière de 497 euros. Une situation difficile à vivre pour Johnny. « L’aide apportée par la Garantie Jeunes n’est pas suffisante car personne n’a été en mesure de me conseiller correctement. Je m’y étais inscrit pour être épaulé dans mes recherches d’emploi mais j’ai été très peu aidé », déplore-t-il. « Le plan de relance économique n’est pas suffisant : il maintient les bénéficiaires sous le seuil de pauvreté avec un salaire en-dessous du Smic. »

Aymane Hedaraly, diplômée d’un Master en communication scientifique, s’inquiète elle aussi pour son avenir professionnel. « Dans mon domaine, il n’y a pas tellement d’offres à La Réunion. J’aimerais bien revenir mais pour l’instant je me concentre sur l’hexagone ». En métropole, la situation est tout aussi compliquée. « L’équipe pédagogique a organisé une réunion avec toute la promo. Elle nous a prévenus qu’il y aurait moins d’offres que d’habitude. Certaines entreprises se servent aussi de la crise pour abaisser les rémunérations ou pour recruter des services civiques avec les mêmes missions qu’un emploi. La responsable de mon master nous a dit qu’en temps normal, elle nous aurait déconseillé de faire des services civiques ou des stages, mais elle nous a aussi dit qu’on n’aurait peut-être pas le choix», relate la jeune Réunionnaise.

 

“Pas d’embauches massives”

 

Eric Leung, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, le reconnaît : « Il est évident que la situation actuelle est très compliquée pour l’ensemble des entreprises, les embauches ne vont pas se faire de façon massive. Durant la période du confinement, il y a eu une augmentation des demandeurs d’emploi, l’activité n’est malheureusement pas présente ».

Même son de cloche au Medef. « L’entreprise a lourdement subi l’impact de la crise. De plus en plus de jeunes vont arriver, l’entreprise a aussi une réalité économique et va devoir peser le pour et le contre », explique Sandrine Dunand-Roux, secrétaire générale du syndicat patronal.

Cette situation s’explique notamment par des licenciements massifs mais également par la non création d’emploi. Les nouveaux arrivants se retrouvent donc en concurrence avec des personnes ayant plus d’expérience professionnelle. Pour Philippe Jean-Pierre, économiste et professeur à l’Université de La Réunion, la société fait face à un « défi jeune ».

« L’arrivée des jeunes sur le marché du travail s’effectuera dans un contexte plus dégradé que les années précédentes car les effectifs seront beaucoup plus importants et aussi parce que la santé économique est dramatique. Le tissu économique est déprimé, il ne va pas pouvoir absorber les effectifs habituels. Déjà en temps normal, les entreprises sont peu enclines à embaucher les jeunes, peu formés et sans beaucoup de compétences », précise-t-il. En juin 2020, le nombre de demandeurs d’emploi était en effet de 164 170 personnes à La Réunion (+5,6% par rapport au trimestre précédent).

Rester sans emploi et donc sans revenus a également des conséquences psychologiques sur les jeunes, souvent les plus fragiles sur le marché. « La pire des situations serait de se dire que les jeunes perdent espoir et baissent les bras avec l’enlisement de la crise », s’inquiète Philippe Jean-Pierre.Pour relever ce défi, l’économiste préfère miser sur le maintien en étude : « Mieux vaut être étudiant plutôt que d’être exclu et tomber dans des formes de précarisation ». Pour les jeunes tout juste diplômés d’un master, il prévient : leur arrivée sur le marché du travail sera certainement retardée par rapport aux générations précédentes.

« Si une partie de la population est non employée, elle ne produit pas. Cela provoquerait une restructuration sociale ou sociale avec une perte de productivité et des coûts pour les finances publiques. Le poids important des jeunes qui était déjà important à La Réunion sera encore plus renforcé cette année et ça nécessite des bras musclés pour s’en occuper », alerte Philippe Jean-Pierre.

Depuis le 11 mai, l’économie réunionnaise se redresse néanmoins progressivement. Selon les derniers chiffres du Cerom, en juin, la perte d’activité était évaluée à 10% contre 28% pendant le confinement. L’industrie et le commerce sont les secteurs qui reprennent le plus de vitesse. De quoi donner espoir aux nouveaux arrivants sur le marché du travail.

J.LP

 

(*) Prénom d’emprunt

 

 

 

 

Repères

14 733

lycéens inscrits sur Parcoursup

18 000

étudiants à l’Université de la Réunion

18 180

demandeurs d’emploi de moins de 25 ans

 Un plan de relance jugé insuffisant

Emmanuel Macron détaillait, le 14 juillet, un plan de relance économique de 40 milliards d’euros afin, notamment, d’éviter une génération sacrifiée par la pandémie. « Notre jeunesse doit être la priorité de cette relance », avait-t-il déclaré. Le plan prévoit, entre autres, une aide à l’apprentissage, offrant 5 000 euros aux entreprises pour toute embauche d’un jeune de moins de 18 ans, et 8 000 euros pour un jeune de plus de 18 ans. Les entreprises bénéficieront également d’une exonération des charges pour l’embauche de salariés à faible qualification, à hauteur d’1,6 Smic.

Une mesure jugée encore insuffisante par Didier Mazeau, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P). « Il faut donner leur chance aux jeunes. Mais il faut aller plus loin. Les 5000 ou 8 000 euros ne suffisent pas. Le coût que le jeune va engendrer ne correspond pas à ce qu’il va recevoir comme salaire. »

Restauration : « J’ai bon espoir »

Selon un rapport du CEROM, pendant la crise sanitaire, « la baisse d’activité a été immédiate et d’ampleur comparable pour les activités liées au tourisme : fermeture des hôtels et restaurants, arrêt des activités de loisirs, limitations drastiques des transports terrestres et aériens. (…) Les services de transports, d’hébergement et de restauration [ont perdu] globalement 70% de leur activité en moyenne ».

« Le secteur de la restauration a souffert mais j’ai bon espoir », confie Patrick Serveaux, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH). Après cette période difficile, le secteur de la restauration contrairement au secteur hôtelier, semble en effet redémarrer. « Les Réunionnais ne sont pas partis en vacances cette année et après cette période de confinement, il y a un engouement pour se retrouver autour d’une table. D’ailleurs, les professionnels disent que ça redémarre bien. Un restaurateur de Saint-Gilles m’expliquait qu’en juillet de cette année, il a fait un meilleur chiffre d’affaires que l’an dernier », rapporte Patrick Serveaux.

Le président de l’UMIH l’assure : les restaurateurs seront de plus en plus à la recherche de jeunes. Un centre de formation devrait d’ailleurs ouvrir ses portes à Saint-Gilles-les-hauts à la rentrée prochaine.

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