[AFP] France ou Kanaky, la Nouvelle-Calédonie décide de son destin

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Les bureaux de vote de Nouvelle-Calédonie, archipel stratégique de 270.000 habitants dans le Pacifique-sud, ont ouvert dimanche pour un deuxième référendum destiné à choisir entre la France et l’indépendance, avec une participation en nette hausse à la mi-journée.

Selon les chiffres du Haut-Commissariat, le taux de participation s’établissait à la mi-journée à 49,4% des voix, soit 8 points de plus que lors du premier référendum du 4 novembre 2018, qui a vu le “Non” l’emporter à 56,7%. 

Près de 180.598 électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d’importantes réserves de nickel, ont jusqu’à 18H00 (09H00 à Paris) pour se rendre dans l’un des 304 bureaux de vote et dire s’ils veulent “que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante”.

Dans ce territoire à 18.000 km de Paris, qui représente l’un des derniers bastions de souveraineté européenne dans la zone après le Brexit, il fallait dans la matinée parfois plusieurs heures de queue pour glisser son bulletin dans l’urne.

C’était le cas notamment dans un bureau de vote du quartier populaire kanak de Montravel, au nord de Nouméa. “Je suis arrivée à 8H30 et il est 11h00, on n’est pas rentré encore, mais pour la dignité du pays, on attend”, explique Chanié, kanak originaire de Lifou, en robe orange et coiffe en feuille de maïs. “Mon choix c’est +Oui+, parce que je veux être libre, et je veux que ceux qui vont diriger notre pays, ce soit nos enfants, et plus la France”.

Avant même l’ouverture des bureaux, Daniela, attendait à 7H30, devant les bureaux de vote installés à la Vallée des Colons, un quartier pluriethnique de Nouméa, “Je vote +non+ car la France a toujours été là pour nous, elle le restera j’espère”, a-t-elle ajouté. Mais quelque soit le résultat, “la première chose que l’on veut pour notre pays c’est la paix”.  

Tous les habitants du Caillou ne peuvent pas s’exprimer: le corps électoral de ce scrutin sensible est conditionné à plusieurs critères, comme justifier d’une résidence continue en Nouvelle-Calédonie depuis au moins le 31 décembre 1994, être natif de l’archipel ou relever du statut civil coutumier kanak.

Christophe, 57 ans, dont parents et grands-parents sont nés sur le Caillou, est venu avec toute sa famille. “Chaque voix compte”, insiste ce Caldoche, qui “tient à son passeport français”. Selon lui, “la Nouvelle-Calédonie n’est pas prête à être indépendante financièrement”. Il craint notamment que l’indépendance signifie une “hausse d’impôt sur le foncier, alors qu’on n’a pas des gros salaires”.   

“J’entend les arguments économiques qui disent que c’est dangereux économiquement”, mais “je vais voter oui pour l’indépendance, car ce sont les conditions de la paix civile”, estime Guillaume Berger, un autre caldoche. “Notre présence ici sera remise en question si on n’est pas capable de construire l’indépendance avec les Kanak”. 

La consultation, dont le résultat sera connu dimanche soir (dimanche matin en métropole), se déroule sans mesure barrière ni masque, puisque l’archipel est exempt de Covid-19, grâce à une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine obligatoire pour tout arrivant.

Ce référendum, comme le premier, s’inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon, signés par l’indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, après plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d’origine européenne.

Ces affrontements avaient culminé avec la prise d’otages et l’assaut de la grotte d’Ouvéa en mai 1988 (25 morts). 

Ces accords, consolidés dix ans plus tard par l’accord de Nouméa, ont institué un rééquilibrage économique et géographique en faveur des Kanaks et un partage du pouvoir politique, même si les inégalités sociales restent importantes.

Aucun sondage n’a été réalisé mais les observateurs jugent une victoire du “oui” peu probable, avec un écart (18.000 voix en 2018) entre les deux camps qui pourrait se resserrer. 

Tenu à l’impartialité, Emmanuel Macron s’exprimera après le résultat, dimanche à 13h00 heure depuis l’Elysée. En mai 2018, il avait souligné que “la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie”. 

Le Premier ministre Jean Castex réunira de son côté “les acteurs politiques calédoniens au lendemain” de la consultation. 

En cas de victoire du “non”, un troisième référendum est possible d’ici à 2022. Une option que refusent déjà les loyalistes mais que les indépendantistes disent vouloir mettre très rapidement en oeuvre.

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clicanoo

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