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Le retrait de l’eau, mercredi, a révélé une ville meurtrie et sans doute plus d’un milliard d’euros de dégâts. La basilique Saint-Marc est passée « à un souffle de l’apocalypse ».

Si Venise doit mourir, un jour, cela commencera sans doute comme ça. Soudain, une sirène jaillit des haut-parleurs et retentit dans tout le centre de la ville, pour annoncer la prochaine montée des eaux, dans les trois heures. A ce moment-là, chaque Vénitien tend l’oreille, attendant le deuxième signal, modulé, qui arrive quelques secondes plus tard et indique l’ampleur de la crue.
Quand l’alarme reste sur un ton, l’alerte est sans gravité : les eaux dépasseront seulement la cote de 110 centimètres sur la petite station d’observation de la pointe de la Salute, à l’entrée du grand canal. L’eau frôlera le rebord de quelques fondamente (les quais de Venise), mais elle n’envahira que la place Saint-Marc et quelques rues alentour. A ce stade, l’acqua alta est à peine plus qu’un amusement. Elle ne gêne pas grand monde, nettoie les canaux les plus étroits et permet même aux touristes de faire de belles photos.
A deux tons, l’eau gagnera un bon quart de la ville, et il faudra bien connaître la géographie du centre pour choisir son itinéraire. L’activité économique est ralentie, certains lieux ferment, mais l’alerte reste assez anodine. A trois tons, les affaires sérieuses commencent : l’eau devrait dépasser la cote de 130 centimètres, s’insinuant dans les halls d’immeuble et les magasins qui n’ont pas été suffisamment rehaussés.
Si la sonnerie à quatre tons retentit, alors, plus personne ne plaisante. La crue dépassera la cote de 140 centimètres, synonyme de crue exceptionnelle. Plus de la moitié de la ville est sous l’eau, les barrières métalliques placées à l’entrée des immeubles perdent toute utilité. Venise est la merci des événements, et tout peut arriver.
Hauteur cauchemardesque
Mardi en fin d’après-midi, les quatre tons ont retenti. Puis l’eau n’a cessé de monter, jusqu’à atteindre, peu avant 23 heures, la hauteur cauchemardesque de 187 centimètres. Un tel niveau, qui signifie que la place Saint-Marc, joyau de la ville, se trouve sous près d’un mètre d’eau, n’avait pas été atteint depuis l’« acqua granda » du 4 novembre 1966 (194 cm), soit plus d’un demi-siècle.
Enfin l’eau a commencé lentement à se retirer, laissant derrière elle une ville meurtrie, sans doute plus d’un milliard d’euros de dégâts, et, dans la population, un mélange amer de colère et de désarroi.
Mercredi en fin de matinée, lorsqu’il est apparu les traits défaits et la voix tremblante pour une conférence de presse improvisée, le maire de Venise, Luigi Brugnaro, d’ordinaire bravache, a tenu à s’excuser auprès de ses concitoyens, avant d’assurer qu’il mettrait tout en œuvre pour obtenir la mise en sécurité de la ville, promise depuis cinquante ans mais jamais réalisée. « Nous devons prouver que nous y arriverons », a-t-il lancé, avant d’affirmer que dans l’affaire, « nous jouons notre crédibilité internationale ».
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