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Après le déclenchement de l’offensive turque, les villageois kurdes et arabes des zones frontalières du nord-est syrien tentent de trouver refuge dans l’arrière-pays.
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Vendredi 11 octobre, dans le nord de la Syrie, la peur avait un visage. Celui d’un jeune homme aux yeux fous assis à l’arrière d’une fourgonnette. Kalachnikov entre les jambes, il serre, crispé, une cigarette fine, entre le pouce et l’index. La mort l’attend peut-être, au bout de la route, lui ou l’un de ses sept compagnons kurdes, là-bas, vers Ras Al-Aïn où l’armée turque bombarde et où ses supplétifs islamistes s’infiltrent. Mais pour encore quelques minutes, le véhicule conduit par son chef, le camarade Agid, est stationné à la sortie de Tel Tamer, à 30 kilomètres de la bataille en cours. C’est là que se trouve la dernière boutique avant la guerre, où on peut se procurer de grosses canettes de boisson énergisante.
La portière coulissante du véhicule est ouverte sur un chaos de mitrailleuses, de lance-roquettes et de paquets de gâteaux. « La guerre n’est plus la même, dit le camarade Agid, resté au volant. Plus d’uniformes, plus de véhicules militaires. » Le temps des batailles victorieuses contre l’organisation Etat islamique (EI), sous le couvert aérien américain, est loin. C’est à l’ennemi qu’appartient maintenant la supériorité militaire. Il faut s’adapter, se mêler aux civils, pour résister, éviter d’être pris pour cible.
La « trahison » de Washington
Mais les adversaires des Forces démocratiques syriennes (FDS) font-ils la différence ? La fourgonnette civile et ses jeunes combattants filent vers le front. De la direction opposée, c’est un flux continu de petite camionnettes à plateformes chargées à ras-bord de matelas, de couvertures, de bonbonnes de gaz, de bidons d’huile, qui vient trouver refuge vers Tel Tamer, fuyant les combats, les frappes aériennes, les tirs d’artillerie ou la réputation de soudards des miliciens à la solde d’Ankara, une réputation qui les précède de loin. « Ceux là viennent pour tuer, pour piller, ce sont des truands, pas des combattants », dit, en sueur, Hussein Hasso, à l’arrière de son véhicule surchargé en tentant de calmer son chien, Brown, un genre de labrador affolé qui lance, langue pendante, des regards de panique. Les déplacés sont, pour l’essentiel, des familles arabes de la région, sous contrôle des forces à dominante kurde.
« Pourquoi les organisations humanitaires quittent la zone ? Ils viennent pour les dollars ou quoi ? C’est maintenant qu’on a besoin d’eux »
A la sortie de Tel Tamer se croisent ceux qui vont au front et ceux qui le fuient, sous un ciel plombé, dans une atmosphère de poussière, d’essence, de rumeurs de massacre et d’angoisse. C’est l’endroit où l’on peut tenter de quémander des nouvelles de proches restés derrière. Abdluhamid Mohamed, en chemisette bleue et blanche, est sans nouvelle depuis le matin de son père de 72 ans, qui n’a pas voulu fuir Ras Al-Aïn malgré l’attaque turque. Le réseau téléphonique a été coupé. « Pourquoi les organisations humanitaires quittent la zone ? Ils viennent pour les dollars ou quoi ? C’est maintenant qu’on a besoin d’eux », s’indigne, près de lui, Mohamed Abdelkader, un habitant kurde de Tel Tamer, qui compte aussi une communauté arabe et une communauté chrétienne assyrienne. « Il n’y a plus de coalition, ce sont des menteurs. Ils pourraient mettre fin à cette guerre en une heure s’ils le voulaient. Sinon, ce sera le Rwanda ! » Un autre habitant kurde de Ras Al-Aïn crie à sa suite : « Que Trump nous bombarde directement des armes chimiques et qu’on en finisse ! » Le mot « trahison » est sur toutes les lèvres.
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