A Téhéran, le désespoir et l’exil pour horizon

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A Téhéran, le 15 février 2020.
A Téhéran, le 15 février 2020. WANA / REUTERS

Un café en entresol. Dans la nuit de février, la neige tombe. Mani a commandé un gâteau au chocolat et un café americano. L’endroit, accroché au bord d’une place d’un quartier aisé du nord de Téhéran, appartient à cet archipel aux lieux innombrables de la capitale iranienne où se donne à vivre un cosmopolitisme ordinaire et relativement abordable. Carrot cake, macarons, sandwichs.

A l’extérieur, la révolution islamique tient le haut du pavé entre enseignes de fast-food et magasins de chaussures pour dames. Les slogans, les affiches, les portraits des martyrs des guerres passées et actuelles dessinent un univers parallèle qui se répand dans la nuit, le long des avenues glacées, sous la lueur des néons, vers les profondeurs d’une ville sans fin…

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Dans le café, Mani a les traits tirés. « Je crois que nous sommes complètement perdus », souffle-t-il pour commencer. Il a 28 ans, il lui manque des cheveux. Il a la peau sur les os, le dos courbé. Cet éditeur de revues, également psychothérapeute, vient de terminer un service militaire de deux ans dans une caserne de la capitale qui lui permettait de rentrer chez lui le soir. Les quatre derniers mois traversés par les Iraniens offrent à sa mémoire une superposition de cataclysmes dont la chronologie s’efface dans un présent permanent, gouverné par l’angoisse… « Cette société est en train de vivre des traumatismes qui s’abattent sur elle les uns après les autres, jusqu’à ce qu’elle en perde le compte… »

L’Iran qu’il évoque est un tableau d’apocalypse. Les sanctions américaines étranglent les Iraniens ordinaires entre inflation et chute de la monnaie nationale. Des centaines de personnes ont été massacrées lors de la répression brutale d’un mouvement social de masse, en novembre 2019. Internet a été totalement coupé par les autorités, plongeant le pays dans la nuit à la même période.

Mécanique cruelle de l’histoire

Quand le général Ghassem Soleimani est assassiné, le 3 janvier à Bagdad, dans un tir de drone américain, la guerre paraît imminente. Ses funérailles attirent des masses gigantesques. Dans sa ville natale, un mouvement de foule tue des dizaines de personnes. Le 8 janvier, une volée de missiles balistiques frappe une base américaine en Irak. Quelques heures plus tard, un avion de ligne s’envole à son tour vers l’ouest, transportant une majorité d’Iraniens. Il est abattu au-dessus de Téhéran par un tir de la défense antiaérienne iranienne. Cent soixante-seize personnes meurent. L’opérateur a pris le Boeing 737 d’Ukraine International Airline pour un missile de croisière venant de la direction opposée.

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