A Strasbourg, une « agroparade » paysanne contre l’agrobusiness

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Organisations environnementales et fermiers veulent peser dans les négociations concernant la future PAC pour un modèle alimentaire et agricole européen renouvelé.

Par Publié aujourd’hui à 19h23, mis à jour à 19h33

Temps de Lecture 3 min.

Des militants d’associations environnementales et de solidarité internationale, d’organisations de consommateurs, mais aussi des représentants de l’agriculture bio et paysanne, ont manifesté devant le Parlement européen à Strasbourg, mardi 22 octobre.
Des militants d’associations environnementales et de solidarité internationale, d’organisations de consommateurs, mais aussi des représentants de l’agriculture bio et paysanne, ont manifesté devant le Parlement européen à Strasbourg, mardi 22 octobre. FREDERICK FLORIN / AFP

Ils étaient environ un millier, mardi 22 octobre, à défiler devant les grilles du Parlement européen de Strasbourg pour réclamer une politique agricole commune (PAC) plus juste et durable. Des militants d’associations environnementales et de solidarité internationale, d’organisations de consommateurs, mais aussi des représentants de l’agriculture bio et paysanne, venus à l’appel de deux plates-formes d’action française (Pour une autre PAC) et allemande (Wir Haben Es Satt – Nous en avons assez). Leur objectif : sensibiliser les députés européens aux enjeux de la future PAC, en cours de discussion, alors que ces derniers doivent encore approuver la composition de la nouvelle Commission européenne.

En tête du cortège, une abeille géante croule sous le poids des pesticides, du changement climatique et des attaques de frelon asiatique. L’occasion, pour les apiculteurs, de rappeler qu’en vingt ans, la population d’insectes volants a diminué de 80 %. « Nous tenons le cheptel apicole à bout de bras, confirme Michel Kernéis, président de la Fédération des apiculteurs d’Alsace. Aujourd’hui, pour éviter que les ruches meurent de faim, nous fournissons plus de sucre à nos abeilles qu’elles ne produisent de miel. Pour inverser la tendance, notre agriculture doit laisser une place aux auxiliaires des cultures plutôt que d’utiliser des pesticides et utiliser des semences qui soient plus nectariphères. La nouvelle PAC doit accompagner les agriculteurs dans cette transition. »

Débats retardés à cause du Brexit

Entamées en juin 2018, les discussions liées à la réforme de la PAC devaient aboutir à une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux et climatiques. Mais le Brexit et les difficiles négociations du futur budget de l’Union européenne ont retardé les débats. Si le Parlement européen a bien examiné le texte en commissions avant les élections européennes, le vote en plénière n’est pas prévu avant 2020. Ce qui laisse le temps, selon les membres du collectif, de « recalibrer » celle qui constitue la plus importante politique de l’Union européenne en termes de budget (56 Md € par an).

« La nouvelle PAC ne va pas se décider ces prochains jours ; le but est d’être présents et de poser des jalons. L’autre aspect de notre action est de relier les deux mondes que forment les paysans et les citoyens », indique Clément Pairot, coordinateur du mouvement Pour une autre PAC.

Devant le Parlement européen à Strasbourg, mardi 22 octobre.
Devant le Parlement européen à Strasbourg, mardi 22 octobre. FREDERICK FLORIN / AFP

Créée en 2017, cette plate-forme en est à sa troisième mobilisation, après l’organisation d’une table-ronde au Sénat, fin 2018, et d’une trentaine de débats citoyens à travers la France. En février, à l’occasion du Salon de l’agriculture, elle a présenté un programme en 12 points. Parmi ces derniers figurent le soutien à l’agriculture biologique et au développement de filières territoriales de production alimentaire, la valorisation des petites exploitations, la création d’une aide à la transition écologique pour les agriculteurs et surtout la mise en place de paiements pour services rendus à l’environnement.

La plate-forme demande également de passer d’une couverture a posteriori des aléas climatiques à un financement en amont, pour encourager les fermes à s’adapter, la mise en place de mécanismes de régulation des marchés, la fin des exportations subventionnées et le refus de tout nouvel accord de libre-échange.

A l’agro-industrie, la cinquantaine d’associations membres oppose une agriculture paysanne, plus proche des demandes des citoyens

Un programme largement en phase avec celui du mouvement allemand « Wir Haben Es Satt », qui manifeste depuis 2011 pour une évolution du modèle agricole, lors de la « semaine verte » de Berlin (l’équivalent outre-Rhin du salon de l’agriculture), mais aussi à Bruxelles. A l’agro-industrie, la cinquantaine d’associations membres oppose une agriculture paysanne, plus proche des demandes des citoyens. « Nous ne sommes pas contre les agriculteurs allemands. Ces dix dernières années, 100 000 exploitations ont disparu. Nous demandons à ce que les petites exploitations agricoles soient soutenues ; pour cela, c’est toute la société européenne qui doit changer », précise Saskia Richartz, responsable de campagne.

Devant le Parlement européen, à Strasbourg, mardi 22 octobre.
Devant le Parlement européen, à Strasbourg, mardi 22 octobre. FREDERICK FLORIN / AFP

Arrivée au pied de l’hémicycle, l’« agroparade » a été accueillie par une quinzaine de députés de l’Alliance progressiste (S&D), de l’Alliance libre (Verts) et de la Gauche unitaire. « Nous avons besoin de vous. Faites du bruit, n’hésitez pas à déranger pour que notre politique agricole change », lance Maria Noichl, députée (S&D) allemande membre de la commission agriculture. « On ne lâchera rien », lui promet Nicolas Giraud, porte-parole de la Confédération paysanne. Pour peser dans le débat à venir, organisations environnementales et agricoles vont devoir poursuivre leur mobilisation.

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