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Singapour a deux faces : côté pile, l’indéniable réussite d’une cité-Etat disposant du revenu par tête le plus élevé de l’Asie du Sud-Est. Côté face, un modèle de développement des infrastructures et de l’immobilier qui repose notamment sur le travail de trois cent mille ouvriers étrangers, en majorité d’origine indienne et bangladaise.
La soudaine explosion du nombre de personnes infectées par le coronavirus dans les dortoirs des travailleurs vient de mettre en lumière la piètre réalité des conditions de vie de ces derniers. Elle a aussi fait comprendre aux 5,6 millions d’habitants que la promiscuité dans laquelle vivent leurs « foreign workers » réunissait toutes les conditions d’une propagation maximale du Covid-19.
Les tests effectués ont révélé, lundi 20 avril, que 1 400 ouvriers étaient porteurs du virus. Le lendemain, 1 111 cas de plus étaient décelés, portant à 10 141 le nombre de cas positifs sur le territoire. Deux semaines plus tôt, le total des personnes infectées dépassait à peine le millier. L’évolution est spectaculaire : il y a encore un mois, le minuscule îlot de prospérité du sud-est asiatique croulait sous les compliments pour avoir incarné une gestion modèle de la crise sanitaire. Au chapitre des bonnes nouvelles, le nombre de morts reste cependant très bas, avec seulement 12 personnes décédées.
« Bombe à retardement »
Alors que de sévères mesures de confinement ont été imposées, outre la quarantaine et le transfert dans des bâtiments réservés aux travailleurs infectés, l’élite singapourienne semble soudain s’émouvoir du traitement réservé à ceux qui continuent de bâtir leur ville. « Je savais que les conditions de vie des ouvriers étaient limites, mais pas à ce point… », avoue, sous le sceau de l’anonymat, un cadre d’origine indienne.
« Notre vie est devenue compliquée », euphémise, au téléphone, Jayashankar Vinothkumar, ouvrier originaire de l’état indien du Tamil Nadu. « On ne peut plus sortir ni cuisiner dans les dortoirs, et on doit porter des masques, même pour dormir », ajoute-t-il. L’homme de 35 ans, qui effectue régulièrement des séjours de six mois à deux ans à Singapour, affirme n’avoir pas eu connaissance d’un collègue infecté par le virus et dit que, dans son dortoir, « personne n’est malade ». Il va tout de même devoir supporter pendant une douzaine de jours encore une cohabitation forcée d’environ 22 heures sur 24 avec quatorze autres de ses camarades de chambrée dans un espace de 4,5 mètres carrés par personne.
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