A Porto Rico, l’interdiction des combats de coqs réveille les sentiments anti-américains

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Publié aujourd’hui à 03h16

Peu avant l’heure limite de l’enregistrement, Luis Bermudez est entré dans l’arène de la petite ville de Caguas et a présenté ses coqs à la pesée. Trois athlètes élevés à la portoricaine : crête coupée, cuisses plumées et échine à nu pour faciliter le combat et l’évaluation de leur force par les parieurs – quelques dizaines de personnes, presque toutes des hommes –, assis sur quatre rangs autour du « ring », une simple esplanade moquettée.

Les volatiles ont d’abord été exposés dans des cages en verre voisinant avec leurs futurs adversaires. Puis, avec l’aide des arbitres, Luis Bermudez, fonctionnaire retraité de 68 ans, les a préparés comme on prépare les mains d’un boxeur, fixant une pointe en plastique acérée à la place de leur ergot (la griffe arrière) – pour que chaque volatile, dit-on, se batte à armes égales. Ce jeudi 5 décembre, le combat allait pouvoir commencer. Pour une des dernières fois, sans doute…

« Cette décision unilatérale montre clairement que nous sommes dans une relation coloniale »
Anibal Acevedo Vila, ancien gouverneur de l’île

A compter du 20 décembre, de tels combats seront interdits à Porto Rico. Ainsi en a décidé le Congrès des Etats-Unis. Luis Bermudez, qui pratique ce « sport » depuis son enfance, s’en afflige : « Comment des gens qui ne sont jamais venus à Porto Rico peuvent-ils interdire ces combats qui sont dans notre tradition depuis des siècles ? » La prohibition a été votée en catimini, fin 2018, dans la loi de programmation agricole votée par le Congrès, où Porto Rico, simple territoire américain et non Etat à part entière, n’est pas représenté.

Depuis, l’affaire a tourné à la polémique politique. « Cette décision unilatérale montre clairement que nous sommes dans une relation coloniale », accuse l’ancien gouverneur (2005-2008) de l’île, Anibal Acevedo Vila, qui reçoit Le Monde à San Juan, la capitale. « Cela fait partie de notre culture, spécialement dans les montagnes », poursuit-il, rappelant que l’un de ses prédécesseurs, dans les années 1970, était surnommé « le Coq qui ne recule pas ».

Une tradition et des milliers d’emplois

Ce type de combat est vieux comme la conquête espagnole. Lorsqu’ils colonisèrent l’île, en 1898, les Américains décidèrent de les interdire avant de devoir les rétablir en 1933, car ils avaient perduré clandestinement. « Les Américains ne voulaient pas que les Portoricains conspirent contre les Etats-Unis. Il fallait maintenir la population heureuse et enivrée », analyse l’avocate Yolanda Alvarez, qui a milité pour l’interdiction et a consacré une thèse au sujet. Aujourd’hui encore, les combats ont lieu dans 70 arènes autorisées, mais aussi dans les arrière-cours des villages.

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