A Pékin, l’émergence d’une nouvelle élite « chinafricaine »

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Lina Ayenew, une Ethiopienne vivant en Chine, juge les relations Chine-Afrique bien trop complexes pour être réduites à des expressions telles que « néocolonialisme » ou « piège de la dette », relate Frédéric Lemaître, dans une chronique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 3 min.

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La Chine et l’Afrique, des partenaires privilégiés.
La Chine et l’Afrique, des partenaires privilégiés. Le Monde

Chronique. Mercredi 20 février. En ce début de soirée, la librairie The Bookworm, l’un des rares lieux de débats encore tolérés à Pékin, est pleine à craquer. Plus d’une centaine de personnes ont payé près de 10 euros pour assister à la présentation d’un ouvrage plutôt austère et pas donné (26 euros). Une affluence d’autant plus étonnante que l’auteure, Lina Getachew Ayenew, est loin d’être une star. Elle a d’ailleurs édité son livre elle-même. Mais manifestement le thème est porteur. Cette Ethiopienne d’à peine 30 ans vient en effet de publier The Complete Beginner’s Guide to China-Africa Relations. En bon français, « la Chinafrique pour les nuls » : 240 pages très didactiques qui reviennent sur les relations entre la Chine et l’Afrique depuis 2014, de la lutte contre le virus Ebola à la récente utilisation par le Zimbabwe de l’intelligence artificielle pour gérer un mécanisme de reconnaissance faciale.

Des données publiques

Cette diplômée de l’université américaine de Yale ne prétend pas avoir un regard neuf sur le sujet. Son livre ne repose que sur des données publiques, notamment nombre d’articles de presse. Vivant depuis près de huit ans en Chine – mais ayant pris soin de localiser sa maison d’édition, Dalu Media, aux Etats-Unis –, Lina Ayenew juge les relations Chine-Afrique bien trop riches et trop complexes pour être réduites à une seule expression, que ce soit « néocolonialisme », « piège de la dette » ou au contraire « communauté de destins partagés ». C’est justement cette absence de manichéisme qui rend son livre intéressant. La citation qui clôt l’ouvrage : « Le gouvernement du Zimbabwe va utiliser cette technique pour essayer de contrôler la liberté des gens », montre que Lina Ayenew n’est pas dupe. Elle nous apprend aussi que les responsables politiques du Sud-Soudan allaient tous les mois se former à Pékin avant même que leur pays ne soit officiellement reconnu par la communauté internationale.

Les investissements chinois créent trois fois plus d’emplois en Afrique que les investissements américains

Mais elle démontre également sans peine que la Chine a su profiter du désintérêt des Occidentaux pour l’Afrique, et que ses investissements sur le continent poussent les autres pays à mettre à leur tour les bouchées doubles. Et si les Chinois sont surtout intéressés par les matières premières africaines, elle remarque que c’est également le cas des Etats-Unis. D’ailleurs, selon le cabinet Ernst & Young, les investissements chinois créent trois fois plus d’emplois en Afrique que les investissements américains. Prudente, Lina Ayenew se garde bien de faire le moindre pronostic. Malgré tout, cette jeune femme, qui a publié en 2016 le premier ouvrage en amharique (langue officielle de l’Ethiopie) destiné à l’apprentissage du chinois, juge que beaucoup dépendra de ce que feront à l’avenir les dizaines de milliers d’étudiants africains qui étudient actuellement en Chine. De fait, comme les nombreux étudiants africains qui s’étaient déplacés pour l’écouter, Lina Ayenew incarne l’émergence d’une nouvelle élite « chinafricaine » qui entend contribuer à cette relation déterminante pour les décennies à venir sans être aux ordres ni de Pékin ni des chefs d’Etat africains.

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