A New York, Stanley Richards et ses souvenirs du Bronx

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Stanley Richards, le 22 juin, à Queens Plaza, le terminus du bus pour la prison de Rikers.

HEATHER STEN POUR « LE MONDE »

Par

New-Yorkais(e)s (3/6). Cet ancien dealeur et ex-membre du gang des Black Spades passé par la prison de Rikers Island est aujourd’hui très engagé dans l’aide aux détenus. En 2015, il fait partie des vingt « champions du changement » distingués sous la présidence de Barack Obama.

La laverie où les voyous dealaient est toujours là, atmosphère moite, éclairage au néon. Leur bar du coin a été remplacé par un barbier. La « jungle », ces herbes folles au bord de l’East River où ils se cachaient pour échapper aux flics et regarder Manhattan au loin, a été transformée en parc public dans les années 2000. Tout a changé et rien n’a changé à Soundview, dans ce quartier perdu du Bronx, où revient Stanley Richards, ancien dealeur et voleur afro-américain, distingué sous la présidence Obama en 2015. Un retour quarante ans en arrière, qui rappelle celui de Robert De Niro dans Il était une fois en Amérique, le film de Sergio Leone (1984). Sauf qu’on n’est pas chez les juifs de Brooklyn, mais parmi les Afro-Américains du Bronx.

Au pied d’un logement social en briques de six étages, une vieille dame porte ses cabas. C’est ici qu’habitait Stanley Richards : « Mme Brown est toujours là. Elle me connaît depuis que je suis bébé », s’extasie ce grand gaillard de 58 ans. Un souvenir pudique pour ceux restés sur le carreau, ici même, sur ce pan de trottoir. « Mon meilleur ami a été tué ici, Dye Watson. C’était en 1975. Des types sont venus lui prendre son argent, on lui avait donné un pistolet, mais quand il l’a sorti, il s’est enrayé, cela a fait clic clic clic. Ils l’ont tué avec un 44 magnum. » Disparu, comme tant d’autres. « La plupart des mes plus proches amis sont morts. Tués ou morts du sida, de l’alcool, de la drogue. Dans la rue, on ne menait pas une vie saine. »

Stanley Richards, ancien dealeur du Bronx : « C’est un lieu dont on ne sort pas, j’en suis sorti par la prison. Sans la prison, je serais toujours là »

Et puis, il y a ceux qui ne sont jamais partis, tel l’ouvrier du bâtiment Reggie – Richards a oublié son nom de famille – qui tombe dans les bras de son ancien camarade de gang, bientôt suivi de son cousin, Norris Abbitt, « qui a un problème d’alcool ». Ou encore cette Afro-Américaine teinte en blonde, devenue une épave à cause de la drogue et de la boisson. Stanley lui glisse deux billets. « Cette fille demande un dollar à chaque personne qu’elle rencontre depuis trente ans. Elle doit avoir 45 ans, on dirait qu’elle en a 80. Je ne me rappelle plus son surnom. »

Stanley Richards est un peu secoué par ce retour auprès de ses anciens amis abîmés par la vie. « Ils sont restés coincés dans les années 1970-1980 », dans cet univers fait de deux rues qui se croisent, d’où nul ne s’échappait, où chacun restait sur son territoire assigné par les gangs. Il nous montre le bus, numéro 27, « le seul qui permette d’entrer et de sortir. Le seul ». Et d’ajouter : « C’est un lieu dont on ne sort pas, j’en suis sorti par la prison. Sans la prison, je serais toujours là. »

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