A Mayotte, la pêche peine à se constituer en filière

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Ahmed Mohamed, négociant en poisson, dans sa boutique du village de Nyambadao (Mayotte), le 31 mars.

« C’est bon, je vais pouvoir partir. » Après avoir chargé des dizaines de litres d’essence à bord de sa barque, Salim fume une dernière cigarette sur le rivage, à Mayotte, dans l’archipel des Comores (océan Indien). Une Coelacanthe, cette marque comorienne qui transite sous les radars entre Anjouan et l’île française.

C’est sur cette même embarcation que le jeune pêcheur est arrivé à Mayotte, en 2016, au sortir de ses études. « Il n’y avait aucun avenir là-bas [à Anjouan], il fallait que je parte pour vivre », livre-t-il brièvement.

« Tu sais, ici, tous les pêcheurs sont Anjouanais », explique-t-il. Moi, je n’avais jamais pris la mer avant de monter sur un kwassa [canot de pêche comorien], mais quand je suis arrivé, c’est la seule chose que l’on m’a proposée, alors j’ai accepté. Pas le choix, je n’avais pas de papiers. Au début, c’était horrible. J’avais tout le temps peur », se remémore Salim.

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« C’est une pêche préhistorique ! Les gars partent avec des centaines de litres d’essence en bidons pour plusieurs jours. Une flamme et tout explose. Ils n’ont pas de GPS, pas de [radio] VHF, rien. Zéro équipement, souvent même pas un gilet de sauvetage », commente Ludovic Olive, un capitaine de pêche, qui, après avoir sillonné toutes les mers du globe, s’est enrôlé dans la seule pêcherie structurée de l’île. « On ne voit ça nulle part ailleurs, surtout pas dans un département français », assure le marin.

A ses côtés, son patron, à la tête de Cap’tain Alandor, acquiesce. Pour Régis Masséaux, tout reste à faire pour espérer voir la filière prospérer. « Avant la départementalisation [en 2011], tout le monde allait où il voulait et ça ne dérangeait personne. Mais les règles ont changé, pas les pratiques. Ajoutons à cela que Mayotte est devenue une région ultrapériphérique européenne en 2014, et c’est un paquet de nouvelles normes qu’on se prend dans le museau ! Jusqu’à présent, on a réussi à négocier des dérogations, mais ce n’est plus possible », analyse l’acteur historique de la pêche locale.

« La problématique est celle des coûts »

Depuis début 2021, chaque bateau doit par exemple avoir à son bord un capitaine de nationalité française. Autre chantier, immense : le renouvellement de la flotte. En effet, à l’image de la barque de Salim, quasiment aucun bateau ne répond aux normes. Ils ne sont pas non plus armés pour naviguer aussi loin des côtes.

Le département et l’État se sont engagés à subventionner massivement l’achat de nouvelles barques

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