A Madagascar, une spectaculaire mutinerie rappelle la situation dramatique des prisons de l’île

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Une cellule de la prison centrale de Manakara, à Madagascar, en septembre 2018.

C’est un épisode sanglant qui n’a pas fini de défrayer la chronique. Dimanche 23 août, des coups de feu ont retenti dans la ville paisible de Farafangana, signalant une évasion spectaculaire de la prison, située en plein centre-ville. En tout, 88 détenus se sont échappés du bagne et 23 ont été tués par les forces de l’ordre lors de l’affrontement qui s’en est suivi.

La société civile et les organisations internationales ont aussitôt réagi : de l’Union européenne au Comité national indépendant des droits de l’homme, de nombreuses voix ont dénoncé avec vigueur l’usage disproportionné des armes dans cette répression policière. Une trentaine de détenus seraient toujours en cavale.

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Les photos de cadavres des détenus, prises par les habitants, ont largement circulé sur les réseaux sociaux, contribuant à renforcer l’onde de choc dans l’opinion publique. « Selon l’explication du directeur régional pénitentiaire et du chef d’établissement, les prisonniers étaient fâchés car ils ne pouvaient pas sortir à cause du coronavirus et ils ont peur. Ils ne savaient pas quand ils pourraient sortir de la prison car il y a l’absence des procès à la justice », a expliqué, jeudi 27 août, le ministre de la justice lors d’une conférence de presse.

Conditions de vie misérables

Au-delà de la riposte meurtrière, ce fait divers sordide souligne une autre problématique : la situation carcérale intenable sur la Grande Île. « La cellule est sale et il y a plein d’insectes. On mange du manioc et du riz une fois par jour, témoigne sous couvert d’anonymat l’un des détenus de Farafangana rattrapé par les forces de l’ordre. Je suis en détention depuis sept mois et ma peine est de cinq ans. Ma famille s’occupe de moi, mais les agents pénitentiaires se servent au passage et m’ont déjà pris 600 000 ariary [134 euros]. »

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La situation de ce bagne est loin d’être un cas isolé. La surpopulation carcérale et les conditions de vie misérables, faute de moyens, sont le lot commun des quarante-deux prisons centrales que compte l’île.

A tout cela s’ajoute un recours excessif à la détention préventive, déjà dénoncé dans un rapport d’Amnesty International de 2018. « A Madagascar, la justice ne fonctionne pas, explique Tamara Léger, conseillère du programme Madagascar d’Amnesty. On peut arrêter tout le monde sans preuves. Aussi, il n’y a pas de distinction entre prévenus et condamnés, les premiers bénéficiant de droits additionnels qui ne sont pas respectés. La pratique reste problématique. »

Des détentions préventives qui s’éternisent

Il n’est pas rare que se côtoient, dans la même cellule, des mineurs en préventive pour de menus larcins, tels des vols de poulet ou de téléphone portable, et des hommes déjà jugés et condamnés pour viol et meurtre. Et la détention préventive peut s’éterniser : jusqu’à cinq ans et six mois pour les personnes majeures, et trente-trois mois pour les enfants, selon la législation malgache.

Une durée qui constitue une violation des droits humains et des normes internationales en vigueur. Pour son rapport, Amnesty a rencontré des hommes et des femmes qui ont été maintenus en détention pendant plus de trois ans et des enfants pendant plus de deux ans, sans avoir été jugés.

« Il faut ajouter à tout cela que la grande majorité des détenus sont pauvres, avec un faible niveau d’éducation. Bien souvent, ils ne sont pas au courant de leur dossier, ni même qu’ils ont le droit d’avoir recours à un avocat », complète Tamara Léger. En 2017, 129 prisonniers sont décédés dans les prisons malgaches, dont 52 en préventive.

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