à Madagascar, le président défend son remède miracle

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Publié aujourd’hui à 03h49

La scène remonte au 20 avril. Ce jour-là, le président malgache, Andry Rajoelina, se livre à une étonnante démonstration face aux caméras de télévision : il avale de grandes gorgées d’une tisane dorée d’herbes médicinales en affirmant qu’elle protège et guérit du Covid-19. Beaucoup le prennent alors pour un illuminé. Comment l’île de l’océan Indien, surtout réputée pour sa vanille, ses lémuriens et son immense pauvreté, pourrait-elle avoir trouvé, au nez et à la barbe des scientifiques du monde entier, le remède au virus qui a condamné la moitié de l’humanité à se claquemurer ?

Sur place comme à l’étranger, railleries et critiques fusent. Mais « TGV », ainsi qu’il est surnommé en référence à son parti, Tanora malaGasy Vonona, et plus encore à sa fulgurante ascension, ne se démonte pas : la tisane en question, distribuée gratuitement par l’armée, coulera bientôt à flots dans les quartiers populaires et dans les écoles de la capitale. Sa composition ? Les informations autorisées évoquent seulement un mélange comportant une espèce d’armoise originaire de Chine, Artemisia annua, et plusieurs plantes endémiques de Madagascar, dont le ravintsara, de la même famille que les camphriers.

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Jusqu’à cette séquence, Andry Rajoelina, quadragénaire aux manières posées, était quasi inconnu sur la scène internationale, si ce n’est pour avoir fait mettre son pays au ban de la communauté internationale en prenant le pouvoir grâce à l’armée en 2009. Tour à tour DJ à la mode, entrepreneur dans le secteur de l’affichage et de la communication, maire d’Antananarivo, putschiste repenti, l’homme aux multiples facettes est revenu au pouvoir par les urnes en 2018. Le voici désormais porte-parole autoproclamé du continent. N’a-t-il pas déclaré, sur RFI, que si son « tambavy » (« remède traditionnel », en malgache), est dénigré, c’est parce qu’il vient d’Afrique ? Héros pour les uns, apprenti sorcier pour les autres, il critique volontiers l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et remercie Dieu d’avoir choisi son île. Quand les sceptiques exigent des preuves scientifiques de l’efficacité du breuvage, il dégaine un bilan officiel de l’épidémie fort enviable : un seul décès enregistré à ce jour dans ce pays de 27 millions d’habitants.

Dans une école d’Antananarivo, le 23 avril, les élèves reçoivent des bouteilles de « Covid Organics ».
Dans une école d’Antananarivo, le 23 avril, les élèves reçoivent des bouteilles de « Covid Organics ». RIJASOLO / AFP
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Comment en est-il venu à croire aux vertus du Covid-Organics (CVO), comme il a été baptisé ? Lui-même a donné sa version des faits à la télévision nationale. « J’ai reçu une lettre, le 24 mars, indiquant que Madagascar possédait le remède qui pourrait (…) guérir le coronavirus », a-t-il révélé le 8 avril. Cette lettre lui avait été adressée par une orthodontiste française, Lucile Cornet-Vernet, fondatrice de La Maison de l’artemisia, une association créée afin de promouvoir l’utilisation de la tisane d’Artemisia annua dans la lutte contre le paludisme.

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