A l’université Columbia, diplômes sans cérémonie pour Antonia, Gurpreet, Michael et les autres

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Seule une poignée d’étudiants ont célébré le Commencement Day, le 20 mai 2020, à l’université Columbia, sur les marches de la Low Library.
Seule une poignée d’étudiants ont célébré le Commencement Day, le 20 mai 2020, à l’université Columbia, sur les marches de la Low Library. Frank Franklin II / AP

La floraison des magnolias sur le campus de l’université Columbia à New York signalait que le printemps était arrivé. La cérémonie de remise des diplômes approchait et mon rêve américain était à deux doigts et à deux mois de se réaliser. C’était en mars. En moins d’une semaine, l’épidémie a tout éclipsé. Etudiants et professeurs ont déserté le quartier. Depuis, il ne reste que les ambulances qui dévalent les avenues de Broadway et d’Amsterdam à une cadence terrifiante.

Ce mercredi 20 mai, il était prévu que plus de trente mille étudiants se réunissent sur le campus. Pour recevoir mon diplôme, un master professionnel en journalisme connu comme le plus prestigieux au monde, j’étais prête à endosser ma toge bleu ciel. Celle-là même portée, avant moi et mes coreligionnaires, par l’ancien président Barack Obama, la juge à la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg, l’écrivain Jerome David Salinger… Avec la brise légère de ce mois de mai, le plongeon dans la marée azur d’étudiants aurait été plaisant. Mes cheveux lissés et ma toque bleu ciel sur la tête, j’aurais retenu mes larmes derrière mes lunettes de soleil jusqu’aux premières notes de l’hymne national.

Rêve américain

Euphorique, j’aurais embrassé les amis de ma promotion. Triomphale, j’aurais serré la main du doyen de l’école de journalisme, Steve Coll, deux fois gagnant du prix Pulitzer. Nostalgique, aussi. Dans ma tête auraient défilé les images de mon enfance dans la région du Beaujolais, au milieu des années 1990. Les vendanges, l’été, pour m’acheter un agenda de marque, du beau papier Oxford. Les cris des vignerons : « A la cime, à la soupe ! »

L’Amérique est venue à moi quand Columbia m’a tendu les bras avec une bourse d’études

Mon père, ancien berger des Aurès devenu ouvrier réparant des machines à laver. La tristesse dans l’exil. Les mains de ma mère épaissies par les heures de nettoyage dans les bureaux d’entreprises. La douleur, toujours, dans son bras droit. Le dur labeur pour nous offrir quelques cours privés de mathématiques et pour que les six enfants deviennent journaliste, docteur, avocat. D’Amérique nous n’aurions osé rêver.

Elle est venue à moi quand Columbia m’a tendu les bras avec une bourse d’études. Diplômée de Sciences Po Lyon, j’avais déjà été journaliste à Paris pendant sept ans, mais j’avais interrompu ma carrière à l’arrivée d’un premier enfant, puis d’un deuxième. J’ai tenté ma chance, sans beaucoup d’espoir et malgré le coût exorbitant des études, ignorant que les universités américaines peuvent se montrer très généreuses avec leurs étudiants au profil attractif.

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