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Si le slogan « Monusco dégage ! » n’est pas à prendre au mot, il exprime quand même la colère qui s’exprime violemment parfois, contre cette Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (RDC). En cette fin d’année, des habitants de la ville de Beni, au nord-est du pays, ont manifesté pour dire, une fois encore, qu’ils n’en peuvent plus de voir un échantillon de près de 15 000 militaires aux casques bleus patrouiller mollement dans les rues, incapables d’endiguer les tueries de civils perpétrés depuis cinq ans par de mystérieux groupes armés.
Au même moment, à plusieurs milliers de kilomètres, au siège des Nations unies, à New York, les quinze membres du Conseil de sécurité ont renouvelé, jeudi 19 décembre, le mandat de la Monusco pour une année en insistant sur la protection des civils et le « renforcement des institutions » politiques. La plus ancienne mission onusienne, opérationnelle depuis deux décennies et également l’une des plus coûteuses, est aussi devenue l’une des plus critiquées. « Nous en avons assez de mourir sous votre regard faussement compatissant », résument les militants de la Lutte pour le changement (Lucha). La Monusco, dont le départ a un temps été exigé par l’ancien président Joseph Kabila au nom d’une souveraineté instrumentalisée à des fins politiques, va penser une stratégie de retrait progressif.
« Renforcer le partenariat »
Malgré l’importante présence des Nations unies, les provinces orientales de l’Ituri et du Nord Kivu restent meurtries par les crimes perpétrés par une myriade de groupes armés locaux et originaires de pays voisins (Rwandais, Burundais, Ougandais et Sud-Soudanais) de même que par l’épidémie d’Ebola. Toutefois, plus de la moitié des violations des droits humains restent commises par des agents de l’Etat congolais, selon l’ONU, à commencer par l’armée, qui compte plusieurs haut gradés visés par des sanctions internationales. La Monusco se doit néanmoins de soutenir l’armée congolaise avec qui elle compte paradoxalement « renforcer ce partenariat », comme l’a précisé Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de paix de l’ONU, lors de sa visite à Beni, où des installations de la Monusco ont été saccagées au début du mois, lors de manifestations, selon lui, « préméditées, organisées et financées ».
Avec de telles affirmations, le fossé entre la mission des Nations unies et la population de Beni ne peut que se creuser et les incompréhensions s’accumuler. C’est peut-être là l’un des échecs les plus patents de la Monusco, qui est longtemps restée déconnectée des habitants qu’ils sont censés défendre pour privilégier les échanges avec des élites locales et nationales parfois controversées ou discréditées, selon Séverine Autesserre, enseignante et chercheuse à l’université de Columbia. « A cela s’ajoutent l’obsession de l’organisation des élections comme une panacée à tous les maux du pays et une volonté de reconstruire l’Etat congolais resté tout autant autoritaire et violent, précise cette spécialiste du maintien de la paix. La Monusco a ainsi formé et renforcé une armée toujours aussi brutale envers les populations. La mission n’a ainsi plus la neutralité et la crédibilité indispensables pour entamer des médiations et parler à tous les acteurs. »
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