A la frontière irlandaise, le Brexit réveille le traumatisme des violences passées

0
268

[ad_1]

Dans le « bandit country », bastion nationaliste irlandais au cœur des violences entre 1969 et 1998, l’idée d’un retour à une frontière, même légère, fait craindre le pire.

Par Eric Albert Publié aujourd’hui à 17h44, mis à jour à 17h44

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Un panneau hostile au retour de la frontière entre les deux Irlandes, le 9 février près de Newry.
Un panneau hostile au retour de la frontière entre les deux Irlandes, le 9 février près de Newry. PHILIP HATCHER-MOORE POUR « LE MONDE »

Sheena était dans son lit quand la bombe a explosé. C’était en 1994 et l’Armée républicaine irlandaise (IRA), visait un barrage militaire qui se trouvait juste en face de chez elle. Vingt-cinq ans plus tard, l’émotion est encore à fleur de peau quand cette Irlandaise âgée aujourd’hui de quarante-cinq ans se remémore la détonation. Le choc de se retrouver soudain par terre, soufflée par l’explosion ; le soldat qui l’avait mise en joue, hurlant ; sa mère allongée par terre et recouverte de poussière, qu’elle a crue morte quelques instants… « Longtemps, quand je voyais un éclair, mon instinct était de me jeter sous la table pour me protéger, explique-t-elle. Mais ce n’est plus le cas depuis quelques années. »

A Crossmaglen, petit bourg de 3 000 habitants d’Irlande du Nord, les Troubles, nom officiel de la guerre civile survenue entre 1969 et 1998, représentent encore un vif traumatisme. Ils ont fait 3 500 morts – rapporté à la population française, ce serait l’équivalent de 130 000 morts. Ici, à la frontière avec la République d’Irlande, tout le monde est catholique et nationaliste, c’est-à-dire souhaite le rattachement à l’Irlande. A l’époque des affrontements, les soldats britanniques étaient considérés comme une « armée d’occupation ». Les enfants apprenaient à ne pas s’approcher des militaires qui patrouillaient, de peur que ceux-ci ne soient visés par une attaque. Sortir le samedi soir était strictement interdit, parce que les volontaires de l’IRA, pris la semaine par leur emploi, reprenaient du service le week-end. Les hélicoptères de l’armée survolaient constamment les lieux pour rejoindre leur base, située au milieu de la ville : la voie terrestre était trop dangereuse pour eux. C’était « bandit country », le surnom que les Britanniques avaient donné à la région.

« Personne ne veut retourner à cette époque »

Tout cela appartient au passé. Deux décennies que la paix est là, depuis l’accord du Vendredi saint de 1998. Les barrages ont été supprimés et la tour de surveillance autrefois installée au sommet de la colline a été démontée. « Mais il faut comprendre que les Troubles ont laissé un profond impact psychologique », explique Pete Byrne, conseiller municipal du Parti social-démocrate et travailliste (SDLP), un parti nationaliste modéré. Aujourd’hui, tel un fantôme, les immenses palissades d’acier qui entouraient la base militaire dominent toujours les lieux, abritant le commissariat.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: