A Khabarovsk, les manifestants continuent de défier le Kremlin

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Un homme portant un drapeau russe lors de la manifestation en soutien à Sergueï Fourgal, à Khabarovsk, samedi 1er août.

Du haut de sa chaire de sociologie, Ildous Iarouline n’avait jamais rien vu de pareil. Professeur à l’université de Khabarovsk, ce doyen des sciences politiques observe depuis près d’un mois les inédites protestations qui secouent cette grande ville de l’Extrême-Orient russe. Samedi, quelque 20 000 habitants se sont à nouveau rassemblés, à la fois pour soutenir leur ex-gouverneur régional, Sergueï Fourgal, soudainement arrêté et, plus largement, pour protester contre le régime du Kremlin de Vladimir Poutine.

Des manifestations sans précédent. « Ces foules sont très bigarrées. Au fil des semaines, leur composition évolue : les jeunes et les plus âgés sont les plus mobilisés ; les autres rejoignent le mouvement quand ils peuvent mais, tout en soutenant plus ou moins, hésitent à s’investir davantage », analyse Ildous Iarouline, 65 ans, dont une quarantaine passée à Khabarovsk. « Les autorités ne s’attendaient pas à une protestation de telle ampleur. Même en cas d’essoufflement du mouvement, la lame de fond est là pour durer. »

« Le choc de l’arrestation du gouverneur a été le catalyseur »

Depuis deux ans, dans cette cité frontalière de la Chine sur les bords du fleuve Amour, le ras-le-bol montait parmi les quelque 600 000 habitants : baisse des revenus, exaspération contre l’emprise de Moscou sur la région, lassitude face aux mensonges du pouvoir… « Sur fond de difficultés socio-économiques, le choc de l’arrestation du gouverneur a été le catalyseur de ces colères et frustrations », insiste Ildous Iarouline. Mais, selon le sociologue, il ne s’agit pas d’une simple réaction épidermique.

« Les manifestants de Khabarovsk sont fiers de se retrouver au centre de l’actualité politique nationale. C’est une nouvelle étape dans un mouvement profond qui, ici et là, émerge en Russie. Après les manifestations à Arkhangelsk contre une usine de déchets, à Ekaterinbourg contre la construction d’une cathédrale, à Moscou contre des élections locales sans opposition émerge une nouvelle société civile. Elle ne veut plus du système paternaliste imposé par le Kremlin. »

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Plus populaire que Poutine

Cela fait maintenant quatre semaines consécutives que des milliers de personnes manifestent à Khabarovsk.

Les slogans de la foule ce week-end à Khabarovsk en disent long sur cette détermination. « Liberté », « Fourgal à la maison ! », scandaient les manifestants au fil d’une marche devenue rituel du samedi depuis l’incarcération du gouverneur, le 9 juillet. Ce jour-là, Sergueï Fourgal a été brutalement arrêté devant son domicile et envoyé à Moscou. Il se retrouve soudainement accusé de meurtres dans une affaire vieille de quinze ans.

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