A Karlsruhe, des juges au-dessus de tout

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La chancelière Angela Merkel, le président du Bundestag, Wolfgang Schäuble, le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, le président du Bundesrat, Dietmar Woidke et le président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, Andreas Vosskuhle, lors de la cérémonie commémorant le 75e anniversaire de la seconde guerre mondiale, à Berlin le 8 mai.
La chancelière Angela Merkel, le président du Bundestag, Wolfgang Schäuble, le président de la République, Frank-Walter Steinmeier, le président du Bundesrat, Dietmar Woidke et le président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, Andreas Vosskuhle, lors de la cérémonie commémorant le 75e anniversaire de la seconde guerre mondiale, à Berlin le 8 mai. HANNIBAL HANSCHKE / AFP

Berlin, vendredi 8 mai. A l’intérieur de la Neue Wache (« nouvelle garde »), le Mémorial des victimes des guerres et de la tyrannie, cinq gerbes de fleurs sont posées au sol à l’occasion du 75e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. Devant chacune, le représentant d’un des cinq « organes constitutionnels » de la République fédérale d’Allemagne : la chancelière Angela Merkel, pour le gouvernement, le président du Bundestag, Wolfgang Schäuble, Frank-Walter Steinmeier, le président de la République, Dietmar Woidke, le président du Bundesrat, et Andreas Vosskuhle, le président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.

Le contraste est saisissant avec la chorégraphie qui a lieu au même moment, à Paris, pour la commémoration de la victoire du 8 mai 1945. Sous l’Arc de triomphe, les représentants des corps constitués sont là également, mais ils sont placés autour d’Emmanuel Macron. Seul à raviver la flamme du Soldat inconnu, c’est le président de la République qui, en France, est le seul maître de cérémonie.

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Trois jours après l’ultimatum lancé par la Cour de Karlsruhe à la Banque centrale européenne (BCE), la présence de son président aux commémorations du 8-Mai, sur un pied d’égalité avec les représentants des autres « organes constitutionnels », est venue rappeler l’importance d’une institution dont le poids est d’autant plus difficile à percevoir, vu de France, qu’il reflète deux conceptions radicalement différentes des rapports entre la politique et le droit de chaque côté du Rhin. « En tant que français, il semble évident que la politique construit le droit, autrement dit que le droit sert avant tout à garantir une vie apaisée dans un cadre général défini par la politique. En Allemagne, on pense volontiers que le droit est au-dessus de tout », explique l’historien Etienne François, professeur émérite de l’Université libre de Berlin.

Consécration de l’Etat de droit

Cette primauté du droit dans la culture allemande remonte à la Bulle d’or de 1356, considéré comme le premier document constitutionnel du Saint-Empire romain germanique. Jusqu’à la chute de celui-ci, en 1806, « le droit fut le langage commun du Saint-Empire : c’est lui qui permettait de trancher les conflits entre les dizaines d’entités qui le composaient, ainsi qu’entre celles-ci et l’empereur », rappelle Etienne François. Ce fut le cas lors les guerres de religion. En définissant les règles de coexistence des catholiques et des protestants, la paix d’Augsbourg (1555) et les traités de Westphalie (1648) ont durablement sauvé le Saint-Empire de ses déchirements. Que l’unité de ce dernier ait été préservée grâce au travail des juristes aide à comprendre pourquoi le droit a toujours joui d’une place éminente en Allemagne.

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