A Kaboul, la maternité attaquée a vécu « un pur enfer »

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Le corps d’un assaillant tué lors de l’attaque de la maternité de Médecins sans frontières (MSF), à Kaboul, le 12 mai.
Le corps d’un assaillant tué lors de l’attaque de la maternité de Médecins sans frontières (MSF), à Kaboul, le 12 mai. Rahmat Gul / AP

Une semaine après l’attaque meurtrière, mardi 12 mai, à Kaboul, contre une maternité de Médecins sans frontières (MSF), l’émotion demeure aussi vive que l’incompréhension face à un tel acte dans un pays pourtant habitué aux drames. Les assaillants sont « venus, de sang-froid, tuer des mères et des nouveau-nés », s’est indigné MSF, qui a qualifié de « pur enfer » ce qu’ils ont fait subir à ses employés et ses patients. Samedi, les six expatriés qui travaillaient sur place ont quitté l’Afghanistan et le personnel afghan reste sous le choc. Sans réelle explication sur les raisons de cette violence, l’ONG s’interroge désormais sur son avenir en Afghanistan et demande l’ouverture d’une enquête indépendante.

Des éléments, recueillis par Le Monde, donnent une idée de l’insondable terreur vécue par l’ensemble des personnes qui se trouvaient dans la maternité. Vers 10 heures du matin, des hommes déguisés en policiers se présentent à l’entrée principale de l’hôpital Dasht-e-Barchi, à l’entrée ouest de Kaboul, au cœur du quartier hazara, une minorité chiite. Ils tuent le gardien et lancent plusieurs grenades avant de s’engouffrer dans l’enceinte de l’établissement composé de plusieurs pavillons, dont un de médecine générale et une maternité.

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Les assaillants traversent l’hôpital général en courant, sans y prêter attention, et filent vers la maternité. Ouverte, en 2014, par MSF, elle compte 55 lits et 26 femmes y sont hospitalisées ce matin-là. Cette unité pour nouveau-nés et soins maternels ne chôme pas. Depuis janvier, elle a réalisé 5 401 accouchements. Les premiers tirs et le bruit des grenades ont déclenché l’alarme. Mais il est trop tard pour les femmes qui se trouvent dans « la chambre des mamans », située le long du couloir menant à la maternité, un bâtiment de deux étages. C’est là où sont traitées les urgences.

Les hommes font feu sur les femmes couchées sur les lits, allaitant parfois leur enfant, puis progressent de salle en salle. Ils tuent aussi les accompagnants et n’épargnent pas les nouveau-nés. Deux d’entre eux sont abattus par balles, souvent du calibre 7.62, et deux autres sont blessés. Amina n’a que 40 minutes d’existence quand elle reçoit l’un de ces projectiles dans la cuisse. La balle poursuit son trajet dans le mollet avant de remonter dans le talon. Sa mère et sa grand-mère sont achevées à bout portant. Amina est l’un de ces bébés emmaillotés dans un linge ensanglanté que l’on verra sur les télés afghanes évacués par les forces spéciales. Transportée dans un état grave à l’hôpital La Mère et l’enfant, à Kaboul, elle est opérée pendant quatre heures par un chirurgien franco-afghan. Lundi 18 mai, si sa survie semblait acquise, le sort de sa jambe était incertain.

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