A Istanbul, les guides protestent contre la transformation de la Chora en mosquée

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L’église Saint-Sauveur-in-Chora, à Istanbul le 23 août.

Voici une semaine que, chaque après-midi, les guides touristiques professionnels d’Istanbul se regroupent face à l’église Saint-Sauveur-in-Chora (Kariye en turc) à Istanbul, un haut lieu du tourisme dans le quartier de la porte d’Edirne, pour protester contre la récente décision des autorités de transformer l’édifice du Ve siècle, jusqu’ici un musée, en mosquée.

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« Nous sommes atterrés parce que les fabuleuses mosaïques et fresques qui ornent l’intérieur vont être occultées. Une fois devenue mosquée, c’est ce qui va se passer. C’est un coup terrible porté à l’art en général et à notre profession en particulier », déplore Serdar Oguzoglu, guide professionnel et fin connaisseur de l’art byzantin.

Rendue au culte musulman le 21 août sur décret du président Recep Tayyip Erdogan, l’église-musée va bientôt fermer. Quand elle rouvrira, les représentations figuratives auront disparu, cachées par des rideaux. C’est ce qui s’est produit à la basilique byzantine Sainte-Sophie, passée elle aussi tout récemment du statut de musée à celui de mosquée.

« Les mosaïques de l’entrée sont encore visibles mais, à l’intérieur, des rideaux ont été installés, qui occultent notamment la superbe représentation de la Vierge. Il faut se contorsionner pour apercevoir quelque chose », explique Benoit Hanquet, qui balade les touristes étrangers à Istanbul depuis près de vingt ans.

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Située non loin de la vieille muraille byzantine, l’église aux six dômes est célèbre pour ses mosaïques et ses fresques byzantines du XIVe siècle, qui sont parmi les plus belles et les mieux conservées au monde. Elles racontent la vie de la Vierge Marie, selon des représentations époustouflantes de beauté et surtout inédites, inspirées essentiellement de l’évangile apocryphe de saint Jacques.

« Mosaïques uniques au monde »

On y voit la mère du Christ faire ses « premiers sept pas », être enlacée par ses parents, Anna et Joaquim, tisser une toile pourpre pour la synagogue, recevoir douze prétendants, dont Joseph, un veuf, le seul qui passa avec succès l’épreuve imposée : planter un roseau en terre et le faire bourgeonner.

« Ces mosaïques sont uniques au monde et le récit de la vie de Marie est exceptionnel. Ces choses-là ne s’apprennent pas à l’école », affirme Serdar Oguzoglu. Tous les guides sont d’accord : cacher aux regards du public ces merveilles de l’art byzantin est un crève-cœur.

La manifestation n’en est pas vraiment une : pas de slogans, pas de pancartes, juste des discussions par petits groupes. Les sujets politiques sont évités. « Manifester, c’est s’exposer aux cordons de police, aux gaz lacrymogènes, aux canons à eau. Nous voulons juste donner notre avis, la Chora doit garder son statut de musée », confie un jeune guide, soucieux de rester anonyme.

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