A Hongkong, la mort d’un étudiant attise la colère des manifestants

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Malgré ce premier décès en six mois de révolte, le gouvernement n’entend pas remettre en cause sa méthode purement répressive pour gérer la crise.

Par Publié aujourd’hui à 10h10, mis à jour à 10h17

Temps de Lecture 4 min.

Veillée en hommage à l’étudiant mort lors des manifestations, le 8 novembre 2019 à Hongkong.
Veillée en hommage à l’étudiant mort lors des manifestations, le 8 novembre 2019 à Hongkong. ANTHONY WALLACE / AFP

Des larmes, des prières, des fleurs blanches, des bougies, des rubans noirs pliés, des origamis en forme de grues (symbole de paix et de longévité), des chants de messe et des murs couverts de condoléances… Après la mort vendredi matin d’un manifestant de 22 ans, Chow Tsz-lok, en soins intensifs depuis dimanche 3 novembre, des veillées funèbres ont eu lieu à travers tout le territoire de Hongkong et en particulier dans la cité-dortoir de Tseung Kwan Ho, où l’accident fatal a eu lieu. Plus tôt dans la journée, sur le campus de la prestigieuse université de sciences et de technologie de Hongkong (HKUST), où Chow Tsz-lok venait de terminer ses études d’informatique, le président Wei Shyy a interrompu la cérémonie de remise de diplômes pour annoncer la terrible nouvelle, retenant ses larmes et demandant quelques minutes de recueillement.

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Cette mort restera comme le premier décès du mouvement de contestation sans précédent qui ébranle Hongkong depuis plus de six mois. « Cela fait longtemps que l’on redoute le jour où la vie de quelqu’un serait sacrifiée. Et il faut absolument connaître exactement ce qui s’est passé et qui en est responsable », a déclaré au Monde l’avocate et ancienne députée Margaret Ng, l’une des fers de lance de l’opposition au projet de loi d’extradition (à présent annulé), entre autres vers la Chine continentale.

Le drame a également provoqué de nombreuses manifestations de colère qui ont dégénéré dans plusieurs quartiers, vendredi, notamment à Yau Ma Tei, dans les Nouveaux Territoires, où un policier a tiré à balles réelles pour disperser la foule. Le gouvernement a exprimé « sa grande tristesse et ses regrets » et a promis « une enquête complète » de la police.

Pompiers bloqués

Les heurts avaient commencé, non loin du lieu de l’accident, autour de la cérémonie de mariage d’un policier, cible privilégiée sur la liste des « événements à perturber » dressée par les manifestants, qui sont ouvertement passés de la désobéissance civile à la désobéissance incivile.

Mais les circonstances mal éclaircies de l’accident à l’origine de la mort de ce jeune ont aggravé la défiance de la population tant vis-à-vis du gouvernement que de la police elle-même. Car, lorsque Chow Tsz-lok avait été retrouvé inconscient début novembre, gisant sur le sol au deuxième étage d’un parking de logements sociaux, la police aurait, selon les manifestants, empêché les secouristes bénévoles de le prendre en charge. La première version des faits était qu’il aurait sauté de l’étage supérieur pour fuir des gaz lacrymogènes. Mais ce scénario a été remis en cause par la distance (plus de 100 mètres) avec la zone où des gaz lacrymogènes étaient tirés.

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Les pompiers ont de leur côté indiqué mercredi que leur accès au blessé avait été « bloqué » à deux reprises, et qu’ils avaient dû se rendre sur place à pied, constatant que quarante-huit minutes s’étaient écoulées entre le moment où les secours ont été appelés et le moment où le blessé arrivait à l’hôpital. « Nous avons vu les images des ambulances bloquées par les voitures de police et les urgentistes obligés de se rendre sur place à pied, retardant de vingt minutes cruciales les secours à notre étudiant. Nous demandons des explications, surtout de la part de la police », a écrit Wei Shyy, dans un message adressé vendredi à tous ses étudiants.

En outre, alors que la police avait affirmé le 5 novembre ne pas avoir eu d’hommes dans le parking de l’accident avant 1 heure du matin, une caméra placée dans un véhicule privé a enregistré une vingtaine de policiers anti-émeutes quittant le parking à 11 h 28… La police a reconnu une erreur dans sa première chronologie.

« Cafards »

La police tente de disperser des manifestants dans le quartier de Tseung Kwan Ho, le 9 novembre à Hongkong.
La police tente de disperser des manifestants dans le quartier de Tseung Kwan Ho, le 9 novembre à Hongkong. PHILIP FONG / AFP

Ce drame a donc relancé les appels pour une commission d’enquête indépendante sur les violences policières. Car, si la police tente de cultiver une image irréprochable au cours de ses conférences de presse quotidiennes, ses hommes continuent de s’attirer la détestation des manifestants sur le terrain. Non sans raison. Dans une vidéo diffusée en direct vendredi soir par la chaîne Cable TV, des policiers déclarent à des manifestants assemblés en deuil dans un centre commercial de Tuen Mun : « A tous les cafards ici présents, sachez que nous, ce soir, on ouvre le champagne pour célébrer [la mort du manifestant]. »

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Pourtant, tout indique que cette aggravation majeure ne va que renforcer la stratégie de répression du gouvernement, encouragé en ce sens par les récentes consignes de Pékin. Après que le président chinois, Xi Jinping, a réaffirmé son « haut degré de confiance » en Carrie Lam, lundi à Shanghai, la chef de l’exécutif a également rencontré le vice-premier ministre Han Zheng à Pékin mercredi. « Pékin va continuer d’exiger une politique répressive à Hongkong qui ne va que s’accentuer. Le pire est à venir », prédit Chow Po Chung, professeur de philosophie politique à l’université chinoise de Hongkong.

Autre signe de cette stratégie de répression, samedi matin, sept députés du camp prodémocratie ont reçu l’annonce de leur arrestation imminente, pour cause de désordres au Parlement, en mai. « Le gouvernement fait tout pour justifier de nouvelles mesures radicales dictées par Pékin, y compris le report des élections de district, qui approchent », a expliqué au Monde le député Chu Hoi-dick, l’un des élus concernés.

Hongkong : trois parlementaires prodémocratie arrêtés, quatre autres menacés

Ils sont accusés de violences lors d’une échauffourée au Parlement en mai dernier, au moment où la dirigeante de Hongkong, Carrie Lam, cherchait à faire passer en urgence une loi autorisant les extraditions vers la Chine. La police a annoncé, samedi 9 novembre, avoir arrêté trois parlementaires prodémocratie et a demandé à quatre autres de se présenter au commissariat pour être placés en état d’arrestation.

C’est ce projet de loi qui a provoqué les premières manifestations il y a cinq mois. Malgré la suspension du projet peu de temps après, le mouvement est devenu un mouvement prodémocratie plus large et les heurts avec la police sont allés crescendo.

Les parlementaires arrêtés risquent jusqu’à un an de prison. L’un d’eux a annoncé qu’il ne se présenterait pas à la police. « Si vous m’accusez d’avoir violé la loi au Parlement, alors venez ici et arrêtez-moi. Je vous attends », a lancé Lam Cheuk-ting. Le Parlement de Hongkong est semi-démocratique : la moitié des parlementaires sont élus par la population, l’autre moitié est choisie par des commissions largement favorables au pouvoir central chinois.

Des élections pour les conseils de districts doivent se tenir le 24 novembre, et le camp des pro-Pékin s’attend à une lourde défaite. Depuis le début des manifestations, l’enregistrement sur les listes électorales a nettement augmenté, et le camp prodémocratie aura, pour la première fois, des candidats dans chaque circonscription. De nombreux hommes politiques démocrates ont appelé les manifestants à cesser les violences, pour ne pas donner une excuse au gouvernement pour annuler ces élections.

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