« A Hongkong, la colère est attisée par le sentiment de ne pas être représentés »

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La mobilisation de Hongkong reflète une crise de la représentation difficile à dénouer, explique la sinologue dans une tribune au « Monde ». Elle n’est pas sans rappeler le mouvement des « gilets jaunes » en France.

Par Emilie Frenkiel Publié aujourd’hui à 06h30

Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Le 6 août, une conférence de presse a été organisée « pour le peuple, par le peuple » sur le forum Internet LIHKG, outil central des mobilisations antigouvernementales et anti-Pékin, « pour contrebalancer le monopole du discours officiel sur les événements ». Les trois manifestants masqués ont voulu « faire porter leur voix sous-représentée au-delà des frontières », puisqu’on ne les écoute ni à Hongkong ni à Pékin.

Cela s’inscrit dans une guerre des images et des slogans déjà bien engagée. Les manifestations gigantesques de juin (le 16, elles ont rassemblé jusqu’à un tiers de la population) avaient d’abord rencontré le silence étourdissant du gouvernement central et des médias en Chine continentale. Les premiers commentaires avaient ensuite qualifié les mobilisations d’émeutes – les manifestants, de criminels – et minimisé leur ampleur et les revendications.

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Les références au séparatisme, aux « révolutions de couleur » et les accusations de terrorisme maintenant proférées sont assorties d’intimidations militaires. De l’étranger, la communication des manifestants semble plus convaincante : le désespoir et le jusqu’au-boutisme d’une frange radicale sont replacés dans le contexte du mutisme et du mépris des autorités, ainsi que les attaques douteuses de membres des triades et les exactions des forces policières.

Flagrant manque d’écoute des dirigeants hongkongais

Ce dialogue de sourds, alimenté par des stratégies médiatiques parallèles et l’agitation sur les réseaux sociaux de communautés en apparence étanches, semble à la fois exotique tout en nous rappelant la crise de la représentation, son déficit et son rejet, qui hantent notre société et ont récemment provoqué le mouvement des « gilets jaunes ».

Chef de l’exécutif, Carrie Lam apparaît coupée des Hongkongais et enfermée dans un dialogue avec le camp pro-Pékin

Chef de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam s’adresse aux médias, le 9 juillet 2019, à Hongkong.
Chef de l’exécutif hongkongais, Carrie Lam s’adresse aux médias, le 9 juillet 2019, à Hongkong. Tyrone Siu/Reuters

A Hongkong également, les manifestations ont surpris en mobilisant des groupes jusque-là peu enclins à descendre dans la rue, exaspérés par le flagrant manque d’écoute de la part des dirigeants hongkongais. Ceux-ci ont non seulement enterré l’introduction d’un suffrage universel véritable, mais ont laissé s’imposer les méthodes et réflexes du Parti communiste chinois (PCC) au sein d’une société baignant dans une tout autre culture politique et juridique.

La chef de l’exécutif, Carrie Lam, apparaît coupée des Hongkongais et enfermée dans un dialogue avec le camp pro-Pékin. Cette déconnexion l’a conduite à faire passer en force le projet de loi d’extradition sans avoir écouté les réticences des juristes, ni sondé au préalable l’opinion, par le truchement du système local d’information et de consultation mis en place par les Britanniques à la suite des émeutes du Star Ferry de 1966. Elle a encore attiré l’ire des manifestants en faisant la maladresse de se dire responsable d’abord vis-à-vis du PCC avant la population hongkongaise et en alignant son discours sur celui de Pékin. Elle a confirmé ainsi le sentiment qu’elle ne représente pas les intérêts de la ville et de ses habitants et les a plongés dans la terreur d’une absorption communiste.

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