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ANDREW QUILTY POUR « LE MONDE »
ReportageSelon les Nations unies, la sécheresse a forcé plus de personnes à quitter leur domicile en 2018 que la violence qui sévit dans le pays.
En partant d’Herat vers le nord-est de l’Afghanistan, des tentes et de minuscules maisons de fortune en terre battue attirent l’attention sur les deux côtés de la route. Ces jours-ci, le vent souffle tellement fort dans cette province de l’est du pays que les habitants de ce camp de déplacés officieux sont obligés d’ajouter des pierres sur les toiles qu’ils utilisent en guise de plafond pour leur maison.
« Il y a trois ans, la pluie a diminué, raconte Ahmad Shah Kakari, jadis agriculteur. Cela a continué jusqu’à il y a un an. L’année dernière, je n’ai rien récolté. Zéro. » Originaire de Bala Murghab, une ville de la province de Badghis, dans le Nord-Est, l’homme, âgé de 43 ans, est donc parti de son village en mai 2018 pour Herat, où il a passé quelques mois sous une tente. Finalement, à cause d’importantes chutes de neige l’hiver dernier, il s’est construit une pièce en terre battue, d’une dizaine de mètres carrés. Ils sont cinq à y vivre, lui, sa femme et leurs trois enfants.
« Je me suis endetté dans mon village pour le loyer du terrain, poursuit M. Kakari. Plus de 115 000 afghanis [1 300 euros]. Comment pourrais-je y retourner ? » Contraint, il envoie de temps en temps sa fille de 9 ans, Shakila, et son fils de 10 ans, Arib, dans la ville d’Herat, plutôt prospère, pour faire la manche. Lui-même travaille comme ouvrier journalier, s’il en a la possibilité. « Je fais tout : de la construction, de l’agriculture, pour 200 afghanis [2,30 euros] par jour », dit-il.
De 2014 à 2018, quatre années de précipitations insuffisantes ont miné l’agriculture dans la région de Badghis. Même la récolte d’opium a chuté d’un tiers en 2018, après une production record en 2017. Selon les Nations unies, la sécheresse a forcé plus de personnes à quitter leur domicile en 2018 que la violence qui sévit dans le pays : 275 000 contre 223 000. Cette année, à en croire les organisations humanitaires actives dans la région, bien que la sécheresse ait pris fin, l’insécurité empêche 90 000 déplacés climatiques installés dans la province d’Herat de rentrer chez eux.
Drastique baisse des revenus
La maison d’une pièce de M. Kakari se situe sur un terrain où vivent quinze autres familles, la plupart du temps très nombreuses. Ces dernières refusent de s’installer, comme beaucoup d’autres, dans le nouveau camp Shahrak-é Sabz-é Omid, situé à quelques centaines de mètres. « Nous avons des problèmes tribaux avec certains habitants de Shahrak », explique l’un des voisins des Kakari. Bessmelah Sini fait allusion aux fractures tribales et ethniques dans la société afghane, qui donnent parfois lieu à des querelles.
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