« A force d’extraire tous les minerais, les Blancs vont faire tomber le ciel »

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Davi Kopenawa, le 30 janvier à la Fondation Cartier pour l'art contemporain.
Davi Kopenawa, le 30 janvier à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. EDOUARD CAUPEIL POUR « LE MONDE »

Il a l’autorité naturelle d’un pape ou d’un prince, en beaucoup plus simple. A 54 ans, silhouette bonhomme, mains costaudes, Davi Kopenawa, chaman et leader du peuple indigène yanomami du Brésil, est un homme en colère. Face à la destruction de la forêt et l’avancée meurtrière sur ses terres des trafiquants de bois et autres garimpeiros, les orpailleurs clandestins, il sonne l’alarme aux quatre coins du monde.

En décembre 2019, à Stockholm, il a reçu le Right Livelihood Award, connu comme le « prix Nobel alternatif ». A la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, le 30 janvier, il a ouvert la formidable rétrospective consacrée à la photographe Claudia Andujar aux côtés de l’artiste-activiste et de l’anthropologue Bruce Albert.

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C’est avec eux qu’il parvint à faire démarquer, en 1992, la Terra Indigena Yanomami, un territoire de 96 650 km², soit une superficie légèrement supérieure à celle du Portugal. Une terre régulièrement menacée par d’innombrables projets d’exploration minière aujourd’hui ouvertement soutenus par le gouvernement de Jair Bolsonaro.

Quand Davi Kopenawa parle, c’est avec une force de conviction contagieuse, forgée par un souverain détachement des choses matérielles. Enfant, il a vu son groupe d’origine, une maison collective d’environ 200 personnes située dans l’extrême nord-est de l’Etat d’Amazonas, décimé par les maladies infectieuses propagées par les Blancs.

Pendant un temps, il subit le prosélytisme des missionnaires nord-américains, auxquels il doit son prénom biblique, l’apprentissage de l’écriture et un aperçu peu engageant du christianisme. Malgré sa curiosité initiale, il sera rapidement rebuté par leur fanatisme et leur obsession du péché.

Révolté par les deuils successifs mais intrigué par la puissance des Blancs, Davi quittera sa région natale pour travailler dans un poste de la Funai, la Fondation nationale de l’Indien. Il s’efforcera, selon ses termes, de « devenir un Blanc ». Il finira seulement par y contracter la tuberculose. Guéri, il parcourra le territoire yanomami. Il tirera de cette expérience une compréhension plus précise de la logique prédatrice de ce qu’il nomme le « peuple de la marchandise » et des menaces qu’elle représente. Avant de rentrer chez lui, en Amazonie, vendredi 30 janvier, Davi Kopenawa a livré au Monde sa lecture de la situation.

Les attaques contre votre territoire se multiplient. On a parlé de près de 20 000 chercheurs d’or illégaux présents sur place en janvier. Est-ce la pire période que vous affrontez depuis la fin de la dictature militaire ?

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