A Buenos Aires, le tango en crise et à distance

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A Buenos Aires, alors que le confinement pour enrayer l’épidémie de Covid-19 a causé la fermeture des milongas, le 8 mai.

LETTRE DE BUENOS AIRES

« Je donne l’impulsion avec le buste, et pam, j’avance. » Anahí Carballo a posé son téléphone au sol, de sorte que ses élèves la voient en pied et en contre-plongée, sur les écrans de leurs ordinateurs, connectés à la plateforme de téléconférence Zoom. Après les étirements en groupe et les premiers exercices guidés, la professeure de tango observe les apprentis danseurs pratiquer au rythme de Nido Gaucho, de Lidia Borda. Leur partenaire, pour cette danse qui se pratique habituellement à deux : un bâton de ski ou un manche à balai, qui accompagne leurs pas et autour duquel ils pivotent.

« C’est toute une organisation, explique Anahí Carballo, heureusement que j’étais déjà habituée à travailler sur la posture individuelle avant la pandémie. » Depuis que l’épidémie de coronavirus a commencé en Argentine, en mars, la danseuse et fondatrice de la compagnie Tango entre mujeres donne trois cours virtuels par jour. Ceux-ci ont la particularité de refuser les rôles traditionnellement assignés à chaque genre (l’homme qui guide, la femme qui suit).

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Une vision de la danse bienvenue dans la majorité des quelque 200 milongas – les bals de tango – de Buenos Aires. A l’image de la milonga Parakultural, du Salon Canning, située en plein cœur de la capitale. Avant la pandémie, il ne s’écoulait pas trois jours sans que les murs de cette institution porteña résonnent au son du bandonéon et que le parquet soit caressé par les pas des danseurs, débutants ou confirmés, locaux ou touristes.

Aujourd’hui, la grande salle est plongée dans le silence, les tables et les chaises empilées les unes sur les autres en attendant des jours meilleurs. « Lorsqu’on a décidé de suspendre les milongas, nous pensions faire une pause de trois semaines. Mais cela fait six mois que ça dure », constate tristement Omar Viola, organisateur de la milonga Parakultural et fondateur de l’Association des organisateurs de milongas.

Les bals suspendus depuis le 11 mars

Le tango est probablement l’une des danses les moins Covid-compatibles au monde : elle se caractérise par l’abrazo, l’étreinte, qui ne doit en théorie s’interrompre à aucun moment de la chanson. Les danseurs d’un certain niveau dansent même en abrazo cerrado, une étreinte serrée au point que l’un colle souvent sa joue à celle de l’autre.

Il est aussi d’usage de changer régulièrement de partenaire de danse au fil d’une soirée. Omar Viola se souvient encore de la dernière milonga au Salon Canning, le 10 mars : « Nous avions élaboré un protocole, mais on s’est vite rendus compte de l’impossibilité de le maintenir. Les corps étaient plus forts que le protocole ».

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