A Beyrouth, le lourd tribut payé par la communauté syrienne

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« Un de ces jours, on m’enfermera à l’asile des fous », lâche Samer Btebati, visage émacié et yeux rougis par le chagrin. Bissane, sa fille de 7 ans, est morte à l’hôpital des suites de ses blessures, après la double explosion du 4 août au port de Beyrouth. « Mon enfant m’a dit : “aide-moi, papa !”. Je n’ai pas réussi à la sauver », poursuit, inconsolable, cet homme de 36 ans, originaire de Jisr Al-Choghour, dans le nord-ouest de la Syrie. Pantalon souillé de cambouis, assis sous un arbre face au port, Mahmoud A., 26 ans, a, chaque soir, « mal à la tête ». Il a vu « trop de morts et de blessés ». C’est lui que sa famille, restée à Deir ez-Zor, avait chargé de retrouver son cousin Mohammed S., présent au port lors de la déflagration : « Il n’y avait que des lambeaux de corps. On a su que c’était Mohammed à sa voiture, puis par un test ADN. »

Samer Btebati travaille dans un atelier de mécanique située face à l’une des portes du port. Le 4 aout, sa fille est grièvement blessée par l’explosion, malgrès les soins apportés à l’hôpital, elle a succombé à ses blessures.
Une photo de Bissan, la fille de Samer, à l’hopital, quelques jours avant sa mort.

Bissane et Mohammed figurent parmi les dizaines de victimes syriennes – 43, selon l’ambassade de Syrie à Beyrouth – emportées par le souffle gigantesque qui a ravagé une partie de la capitale libanaise et fait 188 morts, selon un bilan encore provisoire. Les recherches se poursuivent dans les décombres et en mer.

A la douleur de la communauté syrienne endeuillée s’ajoutent les aléas de l’exil pour fuir la guerre. « Mes parents sont à Idlib ; je ne les ai pas vus depuis six ans », confie Ola, blessée au visage. « Le 4 août, on a cru que c’était un bombardement aérien, comme en Syrie, avant qu’on nous dise qu’un stock de nitrate d’ammonium avait explosé », dit Mohamed Hijazi, ancien paysan de la région d’Homs.

Les « petites mains » de l’économie libanaise

Dans leur drame, il y a aussi la réalité sociale. Gardiens d’immeubles, chauffeurs, serveurs, ouvriers… l’importance de toutes ces « petites mains » syriennes dans l’économie libanaise. Avant que la guerre éclate en Syrie, en 2011, « les Syriens étaient déjà nombreux à décharger les conteneurs au port », rapporte Ali, manutentionnaire depuis 2009. Estimés à 1,5 million de personnes, les réfugiés syriens représentent aujourd’hui près de 25 % de la population du Liban. Avant la guerre, on considérait que le pays comptait environ 450 000 travailleurs syriens.

Originaire de Salamiyeh, Ali vit « dans un immeuble vétuste où il n’y a que des Syriens », à la Quarantaine. Ce quartier populaire bordant le port tire son nom d’un lazaret où étaient jadis isolés les voyageurs suspectés d’être malades.

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