A Beyrouth, l’architecture à l’agonie

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Le 5 août à Beyrouth, des piétons passent devant des bâtiments historiques endommagés dans le quartier de Gemmayzé, particulièrement touché, la veille, par l’explosion dans le port de la capitale.

De tout ce verre bleu qui faisait scintiller les luxueuses tours d’habitation du quartier Solidere, de la colline d’Achrafieh, il ne reste que des débris. Le souffle de l’explosion qui a eu lieu le 4 août dans le port de Beyrouth a pulvérisé les vitres à plusieurs kilomètres à la ronde. Les carcasses des immeubles à nu convoquent les images de destruction de la guerre civile mais l’échelle est autre, beaucoup plus large, incroyablement plus brutale, et ce verre qui, hier encore, symbolisait la frénésie d’une ville en proie à la spéculation immobilière en incarne désormais la douloureuse faillite.

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Les vitres de la voiture de George Arbid, le directeur du Centre arabe pour l’architecture, ont explosé elles aussi, mais ça ne l’a pas empêché de prendre le volant pour constater l’étendue du désastre. Les mots lui manquent pour décrire ce qu’il voit, sinon pour confirmer ce que l’on sait déjà : « L’ampleur des dégâts est inimaginable. » Il préfère prendre des photos.

« Les vautours sont revenus »

L’explosion a frappé particulièrement les quartiers où se concentrent le plus de bâtiments historiques, celui d’Achrafieh, notamment, où des blocs de maison entiers rappelaient le XIXe siècle. Les maisons bourgeoises de la période ottomane n’ont pas été pensées pour résister à un souffle aussi violent. Les triples fenêtres en arche qui percent les façades, les toits pyramidaux en tuiles rouges, les structures en pierres jaunes, tous ces éléments qui font leur identité sont fragiles. Faisant valdinguer les tuiles, les charpentes de bois, l’explosion a balayé les colonnes de marbre, distordu les agencements de pierres, allant, dans certains cas, jusqu’à fracasser des façades entières.

A Beyrouth, le 5 août, un bâtiment endommagé par l’explosion qui s’est produite la veille dans le port de la capitale libanaise.
Le personnel inspecte les dégâts dans le musée Sursock dédié à l’art moderne, après l’explosion dans le port de la ville.

Ces bâtisses avaient pourtant survécu à la guerre civile. Et à celle que menaient les promoteurs immobiliers depuis sa fin officielle. Rongeant le tissu urbain de la ville comme de l’acide, leur voracité a fini par buter sur les associations de défense du patrimoine dont la passion et l’opiniâtreté ont su préserver jusqu’à ce jour quelques petites enclaves autour de la rue Sursock ou des quartiers Gemmayzé et Mar Mikhaël… Pourront-elles tenir encore après cette catastrophe ? Rien n’est moins sûr. « Les vautours sont revenus, avertit George Arbid. Ils ont commencé leur tournée. »

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Et si certains propriétaires comme Antonio el-Hachem ou Fadlo Dagher se sont engagés à restaurer leurs maisons, d’autres n’en auront pas les moyens, surtout dans le contexte de la grave crise économique que traverse le pays. Dans la catastrophe qui les frappe, ils pourraient voir une opportunité pour vendre.

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