A Baghouz, ultime fief de l’EI, « on vivait dans des tranchées pour se cacher des balles »

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Le 25 Février, arrivée de 1500 civils sortant de Baghuz, dernière poche encore tenue par L'Etat Islamique. Les femmes et enfants sont séparés des hommes et sont fouillées.

LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

Par Hélène Sallon

Les évacuations de civils, notamment des femmes et des enfants, continuent dans le dernier bastion de l’organisation djihadiste en Syrie.

En file indienne, les camions à bétail serpentent à travers la plaine aride, balayée d’un vent de sable, jusqu’à la grappe de tentes blanches perdues au milieu du désert. Agrippés à l’arrière des bennes, des enfants, sales et les cheveux ébouriffés, jettent un regard hagard sur les combattants kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) et les journalistes qui attendent le cortège dans un coin reculé aux confins sud-est de la Syrie, mardi 26 février. Un à un, les camions déversent des centaines de femmes exténuées et mutiques, silhouettes noires harnachées de sacs et de nourrissons, des ribambelles d’enfants affamés et des blessés. Quelques dizaines d’hommes de tous âges à la barbe fournie, emmitouflés dans de longs manteaux, sont mis à l’écart, alignés et interrogés.

Les visages fermés disent tout de l’enfer qu’est devenu Baghouz, village quelconque où le « califat » établi par l’organisation Etat islamique (EI) en 2014, à cheval sur la Syrie et l’Irak, vit ses derniers jours.

« Le “califat” n’est pas mort ! Je ne sais pas comment il va renaître mais je sais que ce n’est pas fini », assure en français Samira (le prénom a été modifié), une Algérienne transférée avec ses deux filles dans les tentes de l’organisation chrétienne Free Burma Rangers, qui prend en charge les déplacés de Baghouz pour la première étape de leur exil. Sous son niqab noir, la jeune femme refuse de dévoiler son identité. Elle dit seulement être partie d’Alger pour Rakka, en Syrie, en 2015, avec son mari – « d’un commun accord » – et leurs quatre enfants, pour « pouvoir vivre sa religion ».

Les civils blessés ou malades sont pris en charge par l'ONG Free Burma Rangers. A droite, Samira, une algérienne qui vient de sortir de Baghouz avec ses deux filles.
Les civils blessés ou malades sont pris en charge par l’ONG Free Burma Rangers. A droite, Samira, une algérienne qui vient de sortir de Baghouz avec ses deux filles. LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

« Je vois vos morts, et je vois nos morts »

Elle a battu en retraite avec le groupe djihadiste au fur et à mesure des défaites, en famille puis seule avec ses deux filles d’une dizaine d’années à peine. Son mari et ses deux autres enfants ont été tués. Elle dit ne rien regretter pourtant des quatre années passées au sein du « califat ». « Je n’ai rien à reprocher à l’Etat islamique, assène Samira. Il applique les règles du Coran. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’erreurs. Des gens ont fauté, comme partout. Si l’Etat islamique a commis des crimes contre l’humanité, que dire de l’Algérie, de la France, des Etats-Unis ? Je vois vos morts et je vois nos morts, je vois où est la justice et l’injustice. L’Etat islamique n’a pas massacré d’enfants. »

Il ne sort plus de Baghouz que les irréductibles de l’EI et leurs familles, échoués des quatre coins du « califat » dans ce dernier carré. Beaucoup d’Irakiens et de Syriens, mais aussi des Français, des Maghrébins, des Ouzbeks et des Turcs. Lorsque les FDS, une coalition de forces arabo-kurdes, ont entamé leur offensive début février, ils avaient refusé de se joindre aux 30 000 civils qui ont fui.

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