à Bagdad, la soif de vengeance des familles de martyrs de Sadr City

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Les habitants du quartier populaire de la capitale pleurent leurs morts, tués au cours des mobilisations contre le gouvernement.

Par Publié aujourd’hui à 11h29, mis à jour à 12h00

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Des manifestants s’entretiennent avec des membres de la police à Sadr City (Irak), une ville à majorité chiite, le 7 octobre 2019.
Des manifestants s’entretiennent avec des membres de la police à Sadr City (Irak), une ville à majorité chiite, le 7 octobre 2019. AHMAD AL-RUBAYE/AFP

Les lamentations des femmes s’élèvent depuis la cuisine, de longs pleurs inconsolables qui résonnent dans la maison en deuil du quartier de Sadr City, à Bagdad. « Le gouvernement, les partis au pouvoir : avant, ce n’était que des voleurs, ce sont désormais des criminels. Ils ont tué nos enfants qui manifestaient pacifiquement », accuse le cheikh Djalal Abdel-Nabi, le chef du clan tribal Al-Freijat.

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Assis autour de lui sur des matelas au sol, les hommes de la famille Muttar acquiescent en silence. Le fils de la famille, Sajad, un lycéen de 17 ans et chauffeur de tuk-tuk, est l’un des sept membres du clan à avoir été tué dans les manifestations contre le gouvernement irakien, place Tahrir. Il a reçu une balle dans le coeur, le 5 octobre. « C’était un garçon aimant et altruiste. Il n’était pas armé. Il voulait seulement un avenir meilleur », raconte l’oncle Hassan Muttar Obeid, un ouvrier de 52 ans.

« On n’a pas de services publics, pas d’hôpitaux, des écoles déplorables », commente l’ouvrier Hassan Muttar Obeid

Comme Sajad, des centaines de jeunes hommes de Sadr City ont rejoint la place Tahrir, dans le centre de Bagdad, malgré la répression inédite contre ce mouvement de contestation, qui a déjà coûté la vie à plus de 270 personnes depuis le 1er octobre. Liée par les solidarités tribales, la banlieue ouvrière, qui compte 3 millions d’habitants, n’a rien à offrir à cette jeunesse. Tout y respire la misère : les rues défoncées, les maisons exiguës, les câbles électriques ballant, entremêlés. « On n’a pas de services publics, pas d’hôpitaux, des écoles déplorables. Tout va de mal en pis : 90 % des gens n’ont pas de véritable emploi ici », commente Hassan Muttar Obeid.

Les portraits de l’imam Hussein flottent à chaque coin de rue aux côtés de ceux de l’ayatollah Ali Al-Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, et du chef populiste chiite Moqtada Al-Sadr. Dans ce bastion traditionnel du courant sadriste, nombreux ont mis leur destin entre les mains du fils de l’ayatollah Mohamed Sadeq Al-Sadr, tué par Saddam Hussein en 1999. Ils ont été des milliers à rejoindre son Armée du Mahdi en 2004, faisant du quartier l’un des plus féroces foyers de résistance à l’invasion américaine. Une myriade de milices chiites proches de l’Iran a depuis prospéré dans ces rues pauvres, notamment à la faveur de la guerre contre l’organisation Etat islamique en 2014.

Désillusion croissante

Deux ans après la fin de la guerre, le rejet des partis islamistes chiites et de leurs groupes armés gagne pourtant du terrain à Sadr City. « Ces partis se partagent le pouvoir depuis 2003 et font ce qu’ils veulent avec leurs bras armés. Ils ne font rien pour la population, ils ne cherchent qu’à conserver leurs privilèges et à défendre les intérêts de l’Iran », déplore Mohamed Zougheir Al-Freiji, un fonctionnaire de 45 ans. A cette désillusion croissante s’ajoute aujourd’hui la soif de « vengeance ». « Nous voulons faire tomber le régime. Pourquoi l’avoir tué ? Sajjad était jeune et pacifique. Même Moqtada Al-Sadr n’a pas protégé les manifestants comme il le prétendait ! », poursuit l’oncle Mohamed.

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