« La focalisation sur l’enjeu migratoire a contribué à occulter deux défis essentiels, le vieillissement et l’exode intra-européen »

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Après s’être fait siphonner leurs compétences, les pays du Sud et de l’Est vont avoir grand mal à faire face au déclin de leur nombre de cotisants pour assurer la soutenabilité des systèmes de retraite, explique Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 06h32, mis à jour à 06h59 Temps de Lecture 4 min.

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A Berlin, le 26 mai.
A Berlin, le 26 mai. FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Chronique. L’obsession démagogique et anxiogène des forces nationalistes pour la question migratoire a occupé le devant de la scène durant toute la campagne pour les élections européennes. La poussée de l’extrême droite dans les urnes montre que le pari politique consistant à jouer sur les peurs d’une submersion potentielle par des hordes extra-européennes reste porteur.

Cette focalisation a toutefois contribué à occulter deux autres phénomènes démographiques, qui sont en train de façonner l’Europe de demain de manière durable et structurelle : le vieillissement de la population et l’émigration, c’est-à-dire le phénomène d’exode intra-européen.

En moins de trente ans, un cinquième de la population roumaine, 12 % des Bulgares ou encore 7 % des Polonais sont partis travailler dans un autre pays européen, selon les chiffres d’Eurostat. Ces vagues de départs constituent un bouleversement démographique aux conséquences multiples pour la stabilité de l’Union européenne (UE). L’exode qui, dans un premier temps, a concerné principalement les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) après la chute du mur de Berlin, a pris une tout autre ampleur à la suite du séisme financier de 2008, avant de s’accélérer avec la crise des dettes souveraines à partir de 2011.

Du Sud vers l’Allemagne ou le Royaume-Uni

L’effondrement des économies du sud de l’Europe a poussé des centaines de milliers de Portugais, Espagnols, Grecs, Italiens à quitter leurs pays respectifs pour aller trouver du travail principalement en Allemagne ou au Royaume-Uni. Depuis 2008, plus de 2 millions de jeunes Italiens ont ainsi quitté la Péninsule. Au Portugal, le rythme a atteint jusqu’à 10 000 départs par mois en 2012, un phénomène comparable à celui que le pays avait connu dans les années 1960 sous le régime militaire d’Antonio Salazar. Sur les dix dernières années, ce sont 5 % des Portugais qui ont fait le choix de l’exode.

A l’inverse, sur la même période, l’Allemagne a accueilli 2,7 millions de ressortissants européens, selon Destatis, l’office allemand des statistiques, soit deux fois et demie plus que la vague de réfugiés de 2015. Dans ces conditions, il n’est pas très étonnant que, dans la Hongrie de Viktor Orban ou dans l’Italie de Matteo Salvini, la population soit aujourd’hui plus préoccupée par l’émigration que par l’immigration, comme le montre une vaste enquête d’opinion réalisée par YouGov pour le compte du think tank European Council on Foreign Relations et publiée le 1er avril par Le Monde. Une part non négligeable de la population de ces pays souhaitant même que leur gouvernement aille jusqu’à limiter les séjours longs à l’étranger pour stopper l’hémorragie.

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