« Le rapport à la tyrannie a changé, elle choque moins »

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Dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », analyse le recul des droits politiques et des libertés publiques dans plusieurs pays ayant un rôle-clé dans les grands équilibres internationaux.

Publié aujourd’hui à 02h13 Temps de Lecture 4 min.

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Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine sur l’île Rousski près de Vladivostok, en Russie, le 25 avril.
Rencontre entre Kim Jong-un et Vladimir Poutine sur l’île Rousski près de Vladivostok, en Russie, le 25 avril. ALEXEY NIKOLSKY / AFP

L’historien américain Robert Darnton parle d’un bouleversement majeur qu’il appelle le « changement de climat politique ». Il s’agit d’un refroidissement. Nous vivons une époque de progression de l’autocratie et de régression de la démocratie, écrit-il dans le New York Times. Question légitime : va-t-on vers une marginalisation continue du mode de gouvernement démocratique ? Tendance de fond ou coup de froid passager ?

L’ONG Freedom House, qui scrute les mouvements de la démocratie, est pessimiste. « Pour la treizième année d’affilée, la démocratie décline dans toutes les régions du monde », disait-elle, fin avril, dans son document annuel sur les évolutions de la liberté (« Freedom in the World 2019 »). Le phénomène prend des formes différentes. Des Etats démocratiques évoluent vers la dictature. Certaines des plus établies des démocraties connaissent des tentations autoritaires. Enfin, de puissantes nations assurent la promotion de l’autocratie, présentée comme le régime politique de l’avenir.

De 2005 à 2018, un peu partout dans le monde, droits politiques et libertés publiques ont décliné. Attaché à défendre la singularité démocratique de l’Union européenne (UE), à quelques jours de l’élection de son Parlement, Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert Schuman, observe : « La balance entre Etats démocratiques et régimes autoritaires penche chaque jour un peu plus vers les seconds. » Même si l’UE, à Budapest ou à Varsovie, souffre de formes plus ou moins bénignes du virus autocratique, il y a un réel exceptionnalisme européen – à précieusement sauvegarder.

Chocs structurels et simultanés

Le mode de gouvernement démocratique céderait du terrain sous l’effet combiné de chocs structurels et simultanés : inégalités ; réchauffement climatique ; migrations ; révolution technologique permanente ; démolition du paysage médiatique par les réseaux sociaux. Face à la montée des périls, la tentation autoritaire se nourrirait d’une prétention supérieure à l’efficacité. On demande à voir. Pour comprendre l’éternelle renaissance de la tyrannie, Darnton, dans son article du New York Times (édition du 2 janvier 2019), conseille de relire Voltaire. Sur la séduction qu’exerce la dictature, on peut aussi remonter à Shakespeare, dit un autre grand sachem d’Harvard, l’érudit Stephen Greenblatt, dans son Tyrans, Shakespeare raconte le XXIe siècle (Prix Pulitzer, Saint-Simon, 186 p., 20 €).

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