En Italie, l’invention d’un populisme 2.0

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Europe : la démocratie en crise 3|6. En mêlant, dès 2005, politique et Internet, l’informaticien Gianroberto Casaleggio, cofondateur des « 5 étoiles » mort en 2016, rêvait de faire table rase du système italien. Mais son mouvement, arrivé au pouvoir, a surtout contribué à conforter l’extrême droite.

Est-ce qu’il aurait aimé ? Difficile à dire, tant Gianroberto Casaleggio était avare de ses émotions. Les hommages funèbres sont faits pour les vivants, les morts ont d’autres diables à fouetter. Samedi 6 avril se tenait à Ivrée, non loin de Turin, le troisième événement – intitulé SUM#03 – en hommage à l’informaticien et consultant mort en 2016, cofondateur, avec le comique Beppe Grillo, du Mouvement 5 étoiles (M5S), aujourd’hui au pouvoir à Rome. Peu de gens connaissent Gianroberto Casaleggio hors d’Italie. Pourtant, l’homme au look excentrique de guitariste hard rock restera peut-être dans l’histoire comme celui qui a eu l’idée géniale et maléfique de mêler la politique et l’Internet, le populisme et les réseaux sociaux. Un Machiavel du XXIe siècle qu’on aurait croisé avec Mark Zuckerberg. Une chance ou une malédiction pour la démocratie – c’est aussi l’histoire qui le dira.

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Son fils et héritier Davide, un jeune quadra qui présente bien, ouvre et clôt l’événement par deux courtes allocutions sans relief et monocordes de moins de cinq minutes. Entre les deux, une journée de débats, conférences et ateliers sur le thème « Comprendre le futur ». L’ambiance ressemble à un congrès sur les jeux vidéo, mais pour personnes âgées. Il y est beaucoup question de transhumanisme, de fin du travail, de revenu universel, de blockchain et de Jacques Attali… Parfois, le public décroche. Lors d’un atelier consacré à la citoyenneté numérique, un père de famille interrompt le PowerPoint : « Moi, ce que je cherche, c’est comment éviter que ma fille regarde des idioties sur Internet et se cultive un peu. » L’orateur n’a pas de recette pour ça.

L’événement se veut « apolitique », mais il est de bon ton de s’y montrer dans la galaxie 5 étoiles. La présence du vice-président du conseil et ministre du travail, Luigi Di Maio, peine toutefois à masquer une relative désaffection. Le président du Parlement, Roberto Fico, n’est pas venu et les députés se comptent sur les doigts d’une main. En déroute aux élections régionales (Abruzzes et Sardaigne) et à la traîne dans les sondages pour les européennes, les « 5 étoiles » ont d’autres priorités.

Une communauté virtuelle

En marge du rassemblement, Di Maio, sourcils sombres et peau mate des gens du Sud, cravate rouge à pois des parvenus de la politique, donne une conférence de presse tout ce qu’il y a de plus politicienne. Après un court hommage à Gianroberto Casaleggio, « sans qui nous ne serions pas aujourd’hui au gouvernement », le jeune chef de file des « 5 étoiles » dément tout malaise avec son allié, la Ligue de Matteo Salvini, au plus haut dans les intentions de vote. Il en profite quand même au passage pour mettre un taquet à ses partenaires léguistes, accusés de fermer les yeux sur les dérapages négationnistes de certains élus – comme si ce n’était pas le cas des « 5 étoiles » – et de promouvoir une vision réactionnaire de la femme et de la famille.

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