« Les avancées sur le mariage gay ont amené la droite américaine à se durcir sur l’avortement »

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La spécialiste des politiques publiques revient, dans un entretien au « Monde », sur la récente adoption par l’Alabama d’une loi interdisant l’IVG. Selon elle, une partie de la droite s’est radicalisée, alors même que le droit à l’avortement n’existe plus dans certains Etats américains.

Propos recueillis par Stéphanie Le Bars Publié le 21 mai 2019 à 01h10

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Le 19 mai, manifestation devant le Capitole de l’Alabama contre la loi interdisant l’avortement dans cet Etat.
Le 19 mai, manifestation devant le Capitole de l’Alabama contre la loi interdisant l’avortement dans cet Etat. MICHAEL SPOONEYBARGER / REUTERS

[L’adoption, le 15 mai, par l’Alabama d’un texte interdisant l’avortement, même en cas de viol, a marqué une nouvelle étape dans le combat des mouvements américains anti-IVG. Le radicalisme de cette loi a choqué, jusque dans les rangs conservateurs, inquiets de voir leur lutte caricaturée par les plus extrémistes. Le président Trump, converti depuis sa campagne de 2016 au combat « pour la vie », a dû rappeler qu’il défendait le droit à l’avortement en cas de viol, d’inceste ou de mise en danger de la mère.

Les termes du débat sur l’avortement semblent parfois en contradiction avec la réalité. Le nombre d’avortements a chuté de 24 % entre 2006 et 2015, passant de 842 855 à 638 169 au niveau national. Et, alors que les militants anti-avortement dénoncent les IVG tardives, 65 % d’entre elles interviennent à 8 semaines ou moins de gestation et la quasi-totalité (91 %) à moins de 13 semaines. Seules 7,6 % sont effectuées entre 14 et 20 semaines, et une infime partie (1,3 %) après 21 semaines. Les délais ont même tendance à diminuer ; les IVG à moins de 6 semaines augmentent de 11 %. Seuls 10 % des Américains seraient pour l’interdiction totale de l’avortement et 19 % souhaiteraient le rendre illégal « dans la plupart des cas ». Deux tiers (entre 64 % et 66 %) ne veulent pas revenir sur ce droit.]

Entretien. Elizabeth Nash est spécialiste des politiques publiques à l’Institut Guttmacher, un centre de recherche indépendant reconnu pour le sérieux de ses études et statistiques sur les droits reproductifs. Elle explique les raisons qui persistent à faire du débat sur l’avortement l’un des combats les plus passionnés et clivants de la « guerre culturelle » aux Etats-Unis.

Une majorité d’Américains sont partisans du statu quo sur la législation concernant l’avortement dans le pays. Et pourtant, ce droit, constitutionnellement reconnu en 1973, est l’objet de polémiques récurrentes et de remises en cause persistantes. Pourquoi ?

Depuis une quarantaine d’années, on assiste dans le pays à ce qu’on a appelé la « guerre culturelle ». Des thèmes comme l’éducation, la religion, la famille, la santé, la sécurité sociale ou l’avortement sont devenus sujets à controverse, et surtout, très clivants selon une ligne politique claire. Les républicains, portés par une base chrétienne, se sont prononcés contre l’avortement. Et, au fil des années, le sujet est devenu un enjeu électoral, utilisé pour galvaniser les électeurs. Puis, les avancées sur le mariage entre personnes du même sexe ou les droits des LGBT ont, par ricochet, amené les conservateurs à surenchérir sur la question du refus de l’avortement. Ce thème s’est transformé en un marqueur de leur identité. Cette stratégie a plutôt fonctionné et pesé sur les résultats électoraux, au niveau local mais aussi avec l’élection de Donald Trump.

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